Magazine Journal intime

« Ecrire, créer, évoluer… »

Publié le 16 février 2012 par Anaïs Valente

Joli projet résumé en trois petits mots si importants.  Des mots qui ne sont pas de moi, mais de la créatrice de cet atelier auquel j’ai participé pour la première fois ce jour.  Que du bonheur !

Ça faisait quelques mois déjà que j’avais envie de tester un atelier d’écriture, mais j’avais le trouillomètre à zéro.  Ecrire sur ce blog est une chose aisée, je le fais quand j’en ai envie, quand j’en ai le temps, je poste, et puis voilà.  Mais écrire à un moment donné de la journée, selon des contraintes horaires, d’après certaines directives, au milieu d’autres personnes, c’est tout autre chose.

Puis j’ai repéré cet atelier de journal créatif, qui allie l’écriture, le collage et le dessin, et ça m’a tentée.  Mais j’ai oublié et, en janvier, je me suis dit qu’il était trop tard… jusqu’à ce que le destin me fasse un petit signe, lundi, en m’envoyant un rappel : il me restait trois jours pour m’inscrire.  Et je n’ai plus hésité, mue par une pulsion soudaine (euh, une pulsion est sans doute toujours soudaine), je l’ai fait.

Et ce jour, après un chtit Quick et une virée à la recherche de ma nouvelle marotte, à savoir les bagues Pylones, que je veux dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel (j’ai rien trouvé, dû tout commander, tchu, qué succès), j’ai rejoint le lieu de mon nouvel atelier.  J’ai failli rebrousser chemin une fois sur place, because je trouvais pas où il avait lieu, y’avait que des portes fermées devant moi… la bonne excuse pour filer à l’anglaise et échapper à mes angoisses de la nouveauté, des personnes inconnues, de ma non-créativité, de la page blanche… et j’en passe.

Mais non, Anaïs est courageuse (sic) et elle a demandé son chemin, pour se rendre à son atelier.

Je ne vais rien vous raconter, bien sûr, passque tout cela, c’est entre nous, les participants, c’est confidentiellement confidentiel, c’est notre tranche de vie, d’écriture, de collage, de dessin, de partage aussi, à nous, rien qu’à nous.

Je vais juste vous montrer le résultat d’un des exercices, celui qui m’a le plus touchée, pas durant l’écriture, mais durant la lecture.  Cinq ans et des poussières de mois de blog, les petits zamis, mais jamais je n’avais lu ce que j’écrivais, à haute voix, à d’autres.  Je vous poste mes blablas, vous les lisez (parfois), vous commentez (rarement) et puis voilà.  Mais là, j’ai lu, j’ai été écoutée, et j’ai eu les poils qui se sont dressés à la fin, d’émotion de tout ce que ce texte éveillait en moi, d’émotion de me sentir écoutée aussi, d’émotion d’entendre mes propres mots sortir de ma bouche, pour la première fois.  Sensation incroyable !  Et puis, grande première aussi : ne pas écrire sur mon pc, mais avec un bic, avec ma main, j’avais oublié la sensation que cela faisait…

L’exercice, donc, était de tirer au hasard quatre mots et quatre phrases, puis d’écrire un texte les contenant.  Bon, bien sûr, le terme « radiateurs » et celui « d’apparence innocente » ont évoqué en moi une histoire se terminant d’une façon bien gore, avec des enfants torturés et attachés à des radiateurs, par une gentille mamy, mais j’ai eu peur d’être éjectée illico par les autres, faut pas pousser, pour une première, je devais me tenir à carreau, alors j’ai laissé voguer mon imagination un peu plus, vers quelque chose de plus supportable, et finalement, mon passé a émergé, paf.  Mais je ne vous en dis pas plus, je vous laisse lire !

Les mots : maison, confitures, arbrisseaux, radiateurs

Les phrases : d’apparence innocente, les bruits du monde, ça nous touche, l’enfer c’est

(Si le cœur vous en dit, avant la lecture, faites l’exercice, vous aussi, histoire de comparer nos inspirations réciproques…)

Et mon texte, le voici.  Bien sûr, il est spontané, sans relecture aucune, donc plein de défauts que j’aurais corrigés, si j’avais écrit sur mon pc, comme d’habitude.  Ici, je n’ai pas pu, et finalement c’est peut-être mieux comme ça, comme disait l’autre… Il est très court, aussi, mon texte, une fois dactylographié, alors qu’il me semblait si long sur papier…

Allez, bonne lecture.

Dans sa maison d’apparence innocente, elle s’affairait à ses confitures.  A la fraise, à la rhubarbe, au coing aussi, même si la fraise était sa préférée.  Lorsqu’elle était face à sa casserole, les bruits du monde ne l’atteignaient plus guère, la concentration était sa meilleure amie.  Occasionnellement, elle se rendait au jardin pour y cueillir quelques fruits sur les arbrisseaux qui l’ornaient, lesquels allaient améliorer encore sa préparation.

Une fois celle-ci terminée, elle la mettait à refroidir sur l’appui de fenêtre près des radiateurs durant plusieurs heures, avant de se rendre à la boulangerie la plus proche pour y acheter du pain frais.

De retour à la maison, elle préparait deux tartines, qu’elle emballait soigneusement, les déposait dans son vieux cabas de paille et repartait à petits pas vers le cimetière.  Elle s’installait confortablement devant la tombe de celui avec qui elle ne fêterait jamais ses noces de diamant, dévorait son goûter et lui parlait : « tu vois mon cœur, dix ans déjà que tu es parti, et ça me touche toujours de manger cette confiture que tu chérissais tant.  L’enfer, c’est vraiment la vie sans toi.  Allez, à demain ».

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