Dans l’éducation de mon fils, il y un avant et un après “TV Lobotomie : La vérité scientifique sur les effets de la télévision” de Michel Desmurget (Editions Max Milo, 2011, 19.90 euros, 38.20 CHF).
AVANT, je pensais que ce qui importait était qu’il ne regarde “pas trop” la télé et une heure par jour me semblait raisonnable. Je pensais aussi que la qualité importait, j’y veillait et j’avais la conscience tranquille plus du temps à moi – ou plus souvent du temps pour faire du ménage vite fait en ayant la paix.
PENDANT, j’ai lu le livre d’une traite et, avec effroi, des passages du genre :
” La télé exerce une fonction fortement nocive sur le développement (et le vieillissement) cognitif, le sommeil, la réussite scolaire, la santé, l’agressivité, la sociabilité intra et extra-familiale. Bien qu’il existe de (rares) bon programmes, il n’y a pas de “bon usage” du petit écran. En effet, lorsque celui-ci est accessible, les gens l’allument de manière syncrétique et ne parviennent pas (sauf cas très exceptionnels) à cibler précisément leur consommation. Cela est particulièrement vrai des enfants et adolescents qui très tôt se retrouvent exposés à des émissions totalement inadaptées.” (p.246)
Michel Desmurget est chercheur en neurosciences et travaille à l’Inserm. Son style littéraire est loin de me convaincre. Il est probable aussi que nous ne votions pas pareil. Par contre, il est excellent pour présenter aux parents et à toute personne intéressée les résultats des très nombreuses études scientifiques qui ont été réalisées sur les effets de la télé, sur l’être humain en général et l’enfant en particulier.
Un des problèmes pour l’enfant, c’est tout simplement le temps que ça lui prend, de regarder la télé. Un temps où il ne rêve pas, ne joue pas, ne crée pas, ne réfléchit (presque) pas, ne discute (presque) pas, bref un temps de non-vie. Même en sélectionnant soigneusement ce que l’enfant visionne, tout ce temps devant l’écran est un temps aliéné. Un temps où il pourrait vivre sa vrai vie d’enfant. Par rapport à mon fils, c’est ce qui m’a touché, ce vol de vie.
APRES, j’ai divisé le temps télé de mon fils par 2 ou 3. La télé/vidéo/jeux vidéo, c’est une heure par semaine à la maison, à choix. Ailleurs, je sais qu’il la regarde au moins 3-4 heures par semaine. Donc restent toujours 4-5 heures par semaine.
J’ai mis ça en place il y a 3-4 mois avec une facilité déconcertante. Je lui ai expliqué que c’était “mauvais pour son cerveau”. Et lui, sa santé, il la chérit. Depuis lors, il n’oublie jamais quand c’est son “jour télé où j’ai le droit une heure”, mais il ne la réclame pas en dehors. Il l’oublie complètement entre temps, ça m’étonne encore maintenant.
De mon côté, j’ai beaucoup plus de mal à diminuer ma consommation. Je ne regarde plus la télé quand il est réveillé (jusqu’à 20h!), mais je reste tentée.
Il y a plein de moment où j’en ai envie, de cette non-vie télévisuelle. Ne pas être présente pour mon fils ou à moi-même. Sauf que sans télé, il le remarque illico et me tanne pour que je réintègre notre vie.
Sans télé, je m’aperçois de mes vagues à l’âme en temps réel, je prends conscience de mes envies de flottement loin de nous. Je suis plus vite obligée de réagir, de chercher de l’aide au besoin. C’est plus vivant et plus actif. C’est pas facile quand même.
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Ressource en ligne : reportage sur la télé et les enfants et entretien avec l’auteur sur France Culture, émission Rue des Ecoles du 28.12.2011., à réécouter librement).