POÈME N’EST QU’UN LIEU
(extrait)
Pour Bernard
Poème n’est qu’un lieu de
sieste entre des promenades
la fébrilité d’un texte : risque,
oser
même pas une mouche sur
la joue (oui, c’est Proust)
et le Welt qui craque
(objet fragile qui signifie quoi ?)
les oignons (ou les six chaises)
nous apaisent. L’arôme du
chien.
Toujours présent dans l’insomnie
salée, près d’une fenêtre où,
de l’autre côté, rien ne passe
la rage d’une valise vide au
bout du rêve, près
d’une fausse porte. Le
mutisme qui se dégage d’une
paire de vieilles chaussures
de vrais riens, brouillard
d’une porte, un déplacement,
un acharnement dernier
[…]
c’est l’heure où
le rouge touche trop de blanc,
l’ennui s’affirme et rien n’arrive
la pioche perdue dans la fatigue
un poing de miel
ni l’un, ni l’autre
les ongles cassés et les aiguilles
des fils de lin partout,
des nœuds, il faut prendre garde
inventaire d’ivresse d’une terre
promise, interdite
oui, ici commence le royaume
de l’épine d’été
je les perds partout, les poèmes
poches explosées sous la peau
du rêve
[…]
Israël Eliraz, in « Avec Bernard Noël », Nu(e)49, N° spécial Bernard Noël, 2011, pp. 116-117-118.
ISRAËL ELIRAZ
Source
■ Israël Eliraz
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