Israël Eliraz | Poème n’est qu’un lieu

Publié le 18 février 2012 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour »


POÈME N’EST QU’UN LIEU
(extrait)

Pour Bernard

Poème n’est qu’un lieu de
sieste entre des promenades

la fébrilité d’un texte : risque,
oser

même pas une mouche sur
la joue
(oui, c’est Proust)

et le Welt qui craque
(objet fragile qui signifie quoi ?)

les oignons (ou les six chaises)
nous apaisent. L’arôme du
chien.

Toujours présent dans l’insomnie
salée, près d’une fenêtre où,
de l’autre côté, rien ne passe

la rage d’une valise vide au
bout du rêve, près
d’une fausse porte. Le
mutisme qui se dégage d’une
paire de vieilles chaussures

de vrais riens, brouillard
d’une porte, un déplacement,
un acharnement dernier

[…]

c’est l’heure où
le rouge touche trop de blanc,
l’ennui s’affirme et rien n’arrive

la pioche perdue dans la fatigue

un poing de miel

ni l’un, ni l’autre

les ongles cassés et les aiguilles

des fils de lin partout,
des nœuds, il faut prendre garde

inventaire d’ivresse d’une terre
promise, interdite

oui, ici commence le royaume
de l’épine d’été

je les perds partout, les poèmes

poches explosées sous la peau
du rêve

[…]


Israël Eliraz, in « Avec Bernard Noël », Nu(e)49, N° spécial Bernard Noël, 2011, pp. 116-117-118.





ISRAËL ELIRAZ


Source

■ Israël Eliraz
sur Terres de femmes

apprends du monde verdoyant où est ta place… (extrait)
→ le désert est (poème extrait de Laisse-moi te parler comme à un cheval)
→ L’instant né au bout du doigt
→ maintenant comment poursuivre ? (poème extrait de Comment entrer dans la chambre où l’on est depuis toujours)
→ La Pierre (extrait de Thabor) [+ bio-bibliographie]
→ revenir au milieu




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