Jean Dujardin peut-il vraiment piquer l'Oscar de George Clooney ?

Publié le 20 février 2012 par Vinsh

Jean WHAT ??


Mes palets bretons, cette semaine c'est la dernière ligne droite. Du moins, ce sont les derniers jours de suspense, les dés étant probablement jetés pour déterminer si Jean Dujardin, à peine quatre ans après Marion Cotillard, rejoindra le panthéon hollywoodien avec une jolie statuette en forme de mec chauve, joli discours en anglais patate chaude et vidéo souvenir enregistrée en direct sur le téléphone d'Alexandra Lamy (donnez-lui au moins un iPhone 4, bordel). Ce faisant, il grillerait alors la politesse à l'autre favori de la compétition pour l'oscar du meilleur acteur, à savoir ce bon vieux George Nespresso Clooney.
Je l'aime bien, George. D'ailleurs, tout le monde l'aime bien. Voila bien quelqu'un qui a su capitaliser sur son nom et ses premières années de célébrité de manière intelligente. Alors que la série Urgences aurait pu le marquer au fer rouge des acteurs pour midinettes qui jouent les boys bands à eux seuls, il n'en a rien été. j'y vois chez George Clooney le signe d'une excellente gestion de son image et de sa filmographie. Alors que, quand on y pense, il n'a joué à ce jour dans aucun "grand" film, et à peine quelques gros succès populaires (Ocean's 11, 12, 13, Spy Kids), George a su attirer l'attention des réalisateurs les plus cotés (Soderbergh, les frères Coen, Malick) et imprimer dans l'inconscient collectif l'idée qu'il est sympa et classe, tout en étant bankable (alors qu'en vrai, pas tant que ça). Un peu comme un Richard Gere avec un stylisme capillaire plus abouti et une respectabilité plus installée au sein de la "profession".
Et c'est là le premier point fort de George : tout le monde l'aime. Mais c'est aussi son point faible : puisque tout Hollywood l'aime, on peut bien attendre une prochaine fois, et un prochain film, pour le récompenser, non ? C'est le syndrome de l'acteur qui est tout le temps bon, tout le temps nommé, et qu'on ne récompense donc jamais, toujours coiffé au poteau par la coqueluche du moment, l'acteur qui n'avait jamais eu sa chance avant mais qu'il faut récompenser, là maintenant tout de suite cette année, parce que c'est pas sur le reste de sa filmo qu'on va pouvoir le faire. Les exemples de ce genre de petites injustices du palmarès pullulent : Jamie Foxx qui grille la politesse à Clint Eastwood, Leonardo DiCaprio et Johnny Depp en 2005, Adrien Brody qui devance Jack Nicholson, Daniel Day-Lewis et Michael Caine en 2003, Roberto Benigni qui éclipse Tom Hanks, Nick Nolte et Edward Norton en 1999... C'est un peu pareil chez les femmes, où Kate Winslet, Meryl Streep, Julianne Moore, Judi Dench ou Cate Blanchett voient souvent la statuette leur passer sous le nez au profit d'une Gwyneth Paltrow, d'une Halle Berry, d'une Sandra Bullock ou d'une... Marion Cotillard. Pourquoi récompenser Meryl Streep cette année alors qu'elle sera encore nommée l'année prochaine de toute façon ? C'est un peu pareil pour Clooney, pourtant pas beaucoup nommé jusqu'à présent, mais dont la présence parmi les acteurs A-List d'Hollywood est considérée comme acquise depuis une bonne dizaine d'année. S'il ne l'emporte pas cette année, il a de grandes chances de nous refaire très vite un beau rôle de rond-de-cuir en costard confronté aux grandes questions existentielles de la quarantaine (cf. In The Air, The Descendants) ou une comédie de qualité (Intolérable Cruauté, O'Brother, Leatherheads...).

Jean Dujardin aux BAFTA 2012


Alors est-ce que Jean Dujardin peut vraiment piquer l'oscar qui semble promis à George Clooney depuis qu'il a obtenu le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique pour The Descendants (un film que je vous recommande vivement, malgré des seconds rôles un peu trop "standards" dans la mouvance des gens ordinaires à forte personnalité devenus si populaires, et donc si communs dans le cinéma d'auteur américain, depuis Little Miss Sunshine et consorts) (mais vraiment, le film est très joli, drôle et triste en même temps, tout ce que j'aime) ? La réponse est : oui, il le peut. Non seulement parce que son film, The Artist, est le plus nommé cette année, mais aussi et surtout parce que s'ils veulent donner un oscar à Jean Dujardin (et apparemment, ils en ont un peu envie quand même), c'est maintenant, et probablement pas en 2013 ni en 2014...