Magazine Journal intime

Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans

Publié le 20 février 2012 par Araucaria

Lettres

Quatrième de couverture :
Il y a vingt-cinq ans, Jacques Higelin vécut une de ces histoires d'amour qui ensoleillent à jamais l'existence. Tout au long de son service militaire, en Allemagne d'abord, en Algérie ensuite, il adressa à une femme restée à Paris des centaines de lettres. Des lettres qui, jour, après nuit, disent l'amour, le désespoir, l'attente, la déception, le désarroi, la passion. Des lettres qui, l'une après l'autre, construisent une histoire singulière en même temps qu'universelle, et mettent en scène un homme amoureux d'une femme autant que de la musique.
Et puis, vingt-cinq ans plus tard, une femme, cette femme, remet à Jacques Higelin ces "Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans" qu'il avait été. Elles sont sublimes. Toutes authentiques, elles forment un véritable roman d'amour.
"Ces lettres d'un soldat de vingt ans sont d'une étonnante maturité, d'un enthousiasme débordant pour l'amour, pour la vie, la fraternité humaine. C'est cette énergie vibrante qu'Higelin, depuis vingt-cinq ans, cherche à faire passer dans sa musique et ses chansons." Aliette Armel, Le Magazine Littéraire.
Introduction :
"Un soir, vous êtes passé. On s'est assis l'un en face de l'autre... Vous étiez sombre. Vous disiez les choses sans les dire. J'essayais de comprendre vos demi-mots. Je vous écoutais, je souhaitais être la complice de vos tourments, celle à qui on dit tout, celle qu'on rencontre pour un instant, à qui on crache sa vie dans l'espoir qu'elle entendra.
Peut-être n'étiez-vous pas venu pour parler, vous aviez seulement besoin d'aller mieux, d'être ailleurs. J'avais envie de vous voir sourire, de vous lire une histoire, une histoire vraie, écrite et racontée par vous, par nous, de vous laisser venir, de vous laisser entrer dans ce jardin secret où j'ai gardé vos lettres, là où le temps s'est arrêté"... PIPOUCHE
Un extrait :
Mercredi 13 juin 1962
MINOU, mon âme chérie,
Je suis à la garde. J'ai réintégré mon ancienne piaule et vraiment, rien à regretter. Les potes m'ont accueilli à bras ouverts. J'te jure que ça fait du bien, avec eux, au moins, la chaleur humaine. Ils existent ces p'tits gars-là, ils sont pas indifférents. Merde, j'étais drôlement content de r'monter. Et puis ici, c'est en dehors de la ville, en hauteur, l'air est fort et pur, on respire.
C'était drôlement beau cette garde, dans la nuit et puis le coucher du soleil avant, sur la plaine, énorme. Une explosion de lumière. J'étais vraiment "remué" de tout ça, de le partager avec vous.
Comme vous êtes proche maintenant, j'ai l'impression de vous toucher, de vous entendre. J'arrive même, tellement vous êtes présente, à évoquer votre odeur, votre regard. Ca me rend triste et très heureux. Mais vous devez éprouver ça vous aussi. Oh! mon âme, je ne pensais pas qu'un jour puisse paraître si long quand on attend sa fin.
J'ai vu une femme, drapée dans une robe d'un rouge très violent, à côté d'une autre vêtue de blanc immaculé, et ceci des pieds à la tête. C'était formidable, dans la lumière chaude du matin, comme deux fleurs violentes qui se laissent mouvoir par le souffle de l'air d'été. Que cette Algérie est donc belle! Tout éclate dans l'oeil, les chants, les couleurs, les rythmes, les odeurs. Partout une musique étonnante de la nature. Hier soir c'était Miles Davis, une vaste étendue noyée de lumière blanche, qui faisait se fondre le ciel et l'horizon des terres dans un même manteau éblouissant. Il y avait aussi les tentes des nomades qui se profilaient à contre-jour, et des silhouettes d'hommes, aux vêtements flottants comme des drapeaux, chevauchant de superbes petits mulets arabes, nerveux et puissants, dans un nuage de poussière.
L'été se fait si doux, si attirant. On voit des couples qui s'aiment, qui s'enlacent dans toute la lumière de leur amour. Mais il faut que je me taise. Je ne suis pas le seul à vous réclamer, il y a des tas de petits copains qui pensent à leur femme. Ca se voit à leur regard qui se fixe parfois dans le vide ou au plafond de leur piaule, ça se voit dans leur immobilité rêveuse, lorsque quelqu'un les appelle et qu'ils ont un sursaut de tout le corps, qu'ils se lèvent avec lenteur ou un soupir mélancolique, quittant leurs rêves à regret et se replongeant lourdement dans l'absurdité des occupations militaires, comme ces paras qui atteignent le sol dans un choc final. A quoi ça sert de répéter cette mélancolie de vous...
Peut-être notre régiment sera rapatrié!!! des bruits qui courent... mais chut!
Je t'aime.
Ce livre de Jacques Higelin "Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans", je l'ai découvert en février 2009, en lisant "Paroles d'amour" - Librio n° 788 - (voir http://araucaria.20six.fr/araucaria/art/1548288/Paroles-d-Amour-dernier-acte-). J'avais aimé la lettre que j'y avais lue et m'étais fait la promesse d'acquérir le livre dès que je le pourrais. Je l'ai trouvé en Suisse le mois dernier et me suis empressée de l'acheter. Ces lettres sont merveilleuses, magnifiques. J'aime surtout celles qui sont écrites depuis l'Algérie... Je ne connaissais pas du tout la carrière musicale d'auteur compositeur de Jacques Higelin, mais en découvrant ces textes remplis d'émotion, très bien rédigés, j'ai envie d'en savoir un peu plus et de me pencher sur les paroles des mélodies qu'il a écrites.
Un très beau recueil de lettres qui m'a enchantée.

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