Des acteurs du marché auraient bénéficié prématurément d’une information négative sur Dexia, qui a précipité ensuite le démantèlement du groupe
Selon un rapport d’expert dont le quotidien belge
Des acteurs du marché auraient donc bénéficié prématurément, et dès lors illégalement, d’une information négative sur Dexia, qui a précipité ensuite le démantèlement du groupe. Ces acteurs auraient pu en profiter pour se débarrasser d’actions Dexia avant que son cours ne plonge.
Dexia a été informée de la publication future d’un avis négatif dans la soirée du 29 septembre 2011. L’avis lui-même a été publié le 3 octobre.
Selon l’expert, le professeur Georges Hübner de l’université de Liège, il n’y a pas de preuve d’un délit d’initié mais des éléments troublants devraient néanmoins permettre au gendarme belge des marchés financiers, la FSMA, de lancer une enquête.
Le rapport se montre aussi très critique sur l’agence de notation elle-même. En effet, alors que trois mois plus tôt, Moody’s avait publié un avis « stable » sur l’évolution du groupe, la publication abrupte d’une opinion négative sur les capacités à court terme de Dexia, a signé son arrêt de mort, écrit le journal.
« Cela pose tout le problème des agences de notation », note Georges Gilkinet, député Ecolo membre de la Commission Dexia.
« Leurs annonces sont autoréalisatrices. Elles ont le pouvoir de vie ou de mort sur des groupes comme Dexia qui ont besoin de financement extérieur. » Selon lui, ces agences « ont un pouvoir démesuré, et elles ne sont pas elles-mêmes contrôlées. »
Les députés Gilkinet et Almaci pourraient être exclus jeudi de la commission Dexia
La commission spéciale de la Chambre sur le démantèlement du groupe Dexia se prononcera jeudi soir sur la possible exclusion de deux de ses membres, Georges Gilkinet (Ecolo) et Meyrem Almaci (Groen), soupçonnés d’être à l’origine des révélations dans la presse, ce mercredi, d’un possible délit d’initiés dans le dossier Dexia.
Courroucé par cette nouvelle fuite, le bureau de la commission -qui regroupe la présidente, les vice-présidents et les rapporteurs (dont Georges Gilkinet)- s’est réuni mercredi pour une discussion franche après les interventions des deux députés écologistes dans la presse sur ce dossier.
« Tous les membres du bureau -sauf M. Gilkinet- ont constaté une rupture de confiance envers M. Gilkinet et Mme Almaci et affirmé leur volonté de ne plus travailler dans des conditions pareilles », a indiqué mercredi la présidente de la commission, Marie-Christine Marghem (MR).
Dans la foulée, le bureau a décidé de convoquer ce jeudi, après la séance plénière de la Chambre, une réunion à huis clos de la commission pour décider de l’éventuelle exclusion des deux écologistes.
« C’est dommage, car ils travaillent vraiment bien », a ajouté Mme Marghem, tout en leur reprochant de vouloir récupérer un « travail collectif » et de « se faire mousser par volonté électoraliste ».
Interrogé mercredi soir, M. Gilkinet jugeait pour sa part être l’objet d’une « réaction démesurée » de ses collègues, réfutant avoir diffusé quelque document confidentiel que ce soit vers la presse.
« J’ai seulement donné mon commentaire », assure le Namurois. « La recherche de la vérité est mon seul objectif. Certains (commissaires) auraient voulu que je démissionne, mais je ne le ferai pas ».
Quant à la perspective d’être exclu de la commission -où il s’est montré particulièrement actif-, M. Gilkinet estime qu’il s’agirait là « d’un très mauvais signal envers l’opinion publique ».
En cas d’exclusion des deux membres, ceux-ci pourraient alors être remplacés par deux membres de leur parti respectif.
« Nous n’en avons pas contre une formation politique en particulier », insiste Mme Marghem.
Sur le fond du dossier, celle-ci a assuré mercredi que la suspicion de délit d’initiés avant la chute de Dexia évoquée par la presse était « fausse », la FSMA n’ayant fait état, selon les documents confidentiels fournis à la commission, que de transactions « pas significatives ».
En temps normal, ces opérations n’auraient pas fait l’objet d’investigations, mais vu le naufrage du groupe franco-belge qui a suivi, le régulateur financier a néanmoins décidé de lancer une enquête, a souligné la présidente de la commission.
Source DH