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De la variétoche et de la soupe populo latine. De...

Publié le 21 février 2012 par Fabrice @poirpom
De la variétoche et de la soupe populo latine. De...

De la variétoche et de la soupe populo latine. De l’horreur enregistrée avec trompettes et synthés. De la réorchestration bon marché de standards sirupeux.

Je t’aime, j’en aime deux, j’en aime une autre, je ne t’aime plus. Mon amour.

Voilà pour l’ambiance sonore. Pendant dix longues heures, coincés dans un 4x4. Avec Marilou, RoZémi et Jou-Jou. Et Vik, le chauffeur, amateur de grande musique. À fond les manettes, si possible. Et la trompette, ça couine fort dans les oreilles. Sifflement persistant pendant deux bonnes heures après le voyage.

D’abord El Avila. Qui s’étend, qui s’étire. Caracas disparaît rapidement. Il n’y a plus que du vert. Vallonné, imposant. Ponctuellement, des barres d’immeubles ou des taudis sont plantés. . Au milieu des monts de verdure. La sortie de l’autoroute est un trou dans le rail de sécurité. Puis une pente de terre. Puis une nouvelle route qui bifurque, en contrebas de l’autoroute. La fatigue vient alors coudre les yeux une première fois.

En les rouvrant, la terre est plate. Mais verdoyante et touffue. Elle contient le bitume. Cause week-end prolongé, le trafic est un enfer. Un vrai. Du genre circulation à l’arrêt vingt minutes durant au milieu de la jungle. À maintes reprises. Les conducteurs descendent, scrutent au loin, échangent quelques banalités et reposent le cul sur les sièges lorsqu’un mouvement s’amorce. Amorcé, le mouvement est d’une rare folie. Cause week-end prolongé, le gros de la circulation va dans un sens. L’autre sens est presque désert. Donc réquisitionné (sauvagement) pour circuler vers là-bas, où tout le monde va. Accélérations hasardeuses et dépassements sauvages comme norme. En cas de ralentissement, les voitures n’hésitent pas à faire de la remontée de file. Lorsqu’un véhicule arrive en sens inverse, tout le monde se rabat brutalement.

Un ange véhiculé passe.

La sauvagerie reprend. Dodo.

Au réveil, l’aridité est dans la place. Un relief, léger, s’est installé. La terre a cédé la place au vert. La flore s’est faite plus sèche et cassante. Au détour de deux caillasses géantes, un truc apparaît. Immense. Difficile d’en percevoir les contours. Un truc de la taille d’une ville. Imposant et brutal. Qui crache, par d’interminables cheminées, d’immenses flammes rouges qui déchirent le bleu du ciel.

La plus grande raffinerie de pétrole du Venezuela. Et l’une des plus grandes d’Amérique Latine.

Un truc aux limites inconcevables. Des kilomètres carré d’acier qui grince et qui cogne. Des grosses bedaines, des artères, tout un merdier d’entrailles à l’air libre. Une bête constamment vibrante. Du sang noir dans ses veines.

Dormir.

Se réveiller. Route sinueuse qui descend une montagne. Un vrai bac à sable pour motards. La nuit glisse de ce côté-ci du monde, à mesure que le 4x4 dévale la pente. Avec l’obscurité, le décor des prochains jours se planque, se fait désirer.

Le Parc National de Mochima. Quatre cents bornes à l’Est de Caracas. Dix heures sont nécessaires pour y arriver. Cause week-end prolongé. Le reste du temps, le même trajet en demanderait cinq.

Planté là, le village de Santa Fé. Dans une impasse, le long d’un chemin de terre, une posada. Une sorte d’auberge. Un lieu où chacun fait sa vie. Et à la cool, si possible.

Le petit Jardin. Avec Ree-Lo et Andrea aux commandes. Et un chat blanc chargé de l’accueil, de jour comme de nuit. Le noir, lui, est un voyou. Il passe son temps à essayer de chiper la nourriture dans les assiettes de tout le monde.

Deux hamacs sont accrochés entre des palmiers. Une toute petite piscine permet de tremper un cul. La cuisine commune est un abri au fond du jardin, avec barbec’, cuisinière au gaz, évier et quelques couverts et ustensiles qui traînent là, à la disposition de tou(te)s. Sur la terrasse, trois tables de jardin et quelques chaises; une étagère avec des bouquins en espagnol, en français, en anglais ou en allemand. Un gros frigo commun dans lequel traînent des cocas éventés. Deux gros gros ventilos suspendus maintiennent le frais à l’ombre quand le chaud attaque. Il y a des vieux Libéqui traînent sur les tables. Les vieux Fig’ servent à démarrer le barbec’. Dans un coin du jardin, il y a des sièges en rotin sous une toile tendue. Le meilleur endroit pour boire un rhum à la nuit tombée. En se délectant du picotement des coups de soleil sur les épaules.

Globalement, une bien sympathique demeure.


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