En 3 ans au Maroc et quelques séjours avant et après, c'était seulement la 2e fois que j'y allais: le hammam

Publié le 25 février 2012 par Lauravanelcoytte

Appelé « bain maure » (en référence à l'Espagne musulmane d'Al-Andalus) et « bain turc » par les Occidentaux, le hammam (حمّام soit « eau chaude » en arabe) est un bain de vapeur humide puisant ses origines dans les thermes romains. Dans sa forme actuelle, le hammam s'est développé dans l'empire ottoman, des pays du Maghreb jusqu'au Moyen-Orient (comme en Syrie) à la faveur de l'expansion de l'Islam. Le hammam fut en effet adapté aux préceptes de la religion musulmane qui préconise une hygiène méticuleuse et des ablutions régulières notamment avant les prières rituelles.

En Tunisie, le hammam est un phénomène social et toutes les catégories de la société fréquentent ce lieu public. Il se compose souvent de trois ou quatre chambres, la première à température ambiante, la deuxième un peu plus chaude, et ainsi de suite. Dans le hammam les pores se dilatent sous l'effet de la chaleur, ce qui permet un nettoyage en profondeur[réf. nécessaire]. Le hammam s'est développé en Tunisie au cours de ces dernières années à tel point que celui-ci a su s'adapter aux exigences des différentes classes sociales : ainsi, des hammams accueillant une clientèle aisée ont vu le jour dans différentes régions du pays.

Le hammam désigne aussi l'établissement, le bâtiment dans lequel s'organise ce bain. L'architecture des hammams varie selon l'aire géographique et les époques.

Aujourd'hui, s'ils ont disparu totalement de certains pays comme l'Égypte (jadis réputée pour ses 365 hammams, les plus beaux d'Orient, Le Caire n'en compte plus que six), avec le développement des salles de bains privées, la pratique demeure encore vivace en de nombreux endroits et tend à se développer en Europe.


Effets[

Dominique Ingres (1862).

L'action principale du hammam est une importante vasodilatation (voir la page pour plus de détails sur les effets), induisant une relaxation très efficace[1].

  • Le hammam est très recommandé après une activité musculaire. Il procure une relaxation intense qui va détendre les muscles, soulager (voire éviter) les courbatures et douleurs ligamentaires. Le bénéfice en termes de récupération le rend recommandable à l'entraînement des sportifs de haut niveau[1].
  • Par la relaxation qu'il procure, le hammam induit une torpeur bénéfique au sommeil.

Contre-indications[

Jean-Léon Gérôme (1824-1904).
  • Eviter d'y aller en phase de digestion: il est recommandé d'attendre 3 heures après un repas copieux avant de se rendre dans un hammam[1].
  • Eviter de s'être rasé le jour même[1]: la peau irritée par le rasage peut démanger, surtout que la plupart des hammams diffusent des vapeurs de pin et d'eucalyptusaux propriétés urticantes !
  • Le Hammam induisant une baisse de la tension artérielle est évidemment déconseillé aux personnes souffrant d'hypotension.

Tellak (employés)[

Tellak. Illustration tirée de Hubanname, une peinture homoérotique datant du XVIIIe siècle du poète turc Fazyl bin Tahir Enderuni.

Traditionnellement, les masseurs des hammams, appelés tellak en turc, aidaient les clients à se laver en les frottant et les savonnant.

Ils étaient également travailleurs du sexe[2]. Nous savons aujourd'hui, grâce aux textes laissés par les auteurs ottomans, qui étaient ces hommes, quels étaient leurs tarifs, combien de fois ils pouvaient faire jouir leurs partenaires, ainsi que leurs pratiques sexuelles[3],[4].

Ils étaient recrutés parmi les rangs de non-musulmans de l'empire turc, à savoir les grecs, arméniens, juifs, albanais, bulgares, roumains et autres.

Parfois, la relation entre un tellak et son client devenait intense. Au milieu du XVIIIe siècle, un janissaire, soldat d'élite de l'armée ottomane souvent d'ascendance européenne, avait un tellak comme amant. Les hommes d'un autre régiment kidnappèrent ce dernier et le donnèrent à leur commandant, déclenchant une bataille de plusieurs jours entre les deux régiments janissaires qui ne se termina que lorsque le sultan ordonna la pendaison du tellak.

Après la défaite et le démembrement de l'Empire Ottoman, lorsque la république de Turquie s'occidentalisa, les garçons tellak perdirent leur rôle sexuel. De nos jours, le rôle du tellak s'en tient à des formes plus prosaïques, telles que les massages.

Notes et références[

a, b, c et d L'équipe Mag, « RELAXEZ-VOUS [archive] » sur http://www.lequipe.fr/ [archive], 25 février 2010. Consulté le 25 février 2010

  1. "[Flaubert, Janvier 1850] "Be informed, furthermore, that all of the bath-boys are bardashes [male homosexuals]."
    Ehud R. Toledano, State and Society in Mid-Nineteenth-Century Egypt, Cambridge University Press, 2003, 336 p. (ISBN 9780521534536) [lire en ligne [archive] (page consultée le 25 février 2010)], p. 242
  2. Gazali et Münif Fehim, Book of Shehzade: Dafiü'l gumûm, rafiü'l humûm, Dönence, 2001, 134 p. (ISBN 9757054178) [lire en ligne [archive] (page consultée le 25 février 2010)], p. 106
  3. Source : Ismail Agha, Dellâkname-i Dilküşâ, eighteenth century work by Dervish, Süleymaniye, Istanbul, Ottoman archives

Voir aussi[

Articles connexes[

Bey Hamam, un exemple de bain turc à Thessalonique.

Bibliographie[

Geffrier Jacques, L’architecture du hammam au rythme des rites, Paris, Ecole d’Architecture de Belleville, 2005


http://fr.wikipedia.org/wiki/Hammam