ependant nous pouvons et nous devons tous prendre part à ce progrès, bien qu’il s’effectue toujours sous la direction de l’Autorité, en faisant en sorte, selon la mesure de nos moyens, de favoriser en toutes choses les intérêts suprêmes de la divine Vérité et en travaillant, selon notre état, à accroître les trésors de la Sagesse céleste.
En effet, il nous est demandé à tous de contribuer à l’édification commune (1) par tous les dons que nous avons reçus (1 Pierre, 4,10), très spécialement par la charité (Ephésiens 4, 2-16), laquelle édifie véritablement en tout (1 Corinthiens 8,1 ; 12,7 ; 14,3,12), y compris dans l’ordre doctrinal. Il n’est pas douteux – comme le relevait le Vénérable Blosius (2) – qu’un cœur embrasé d’amour divin peut donner à une petite vieille analphabète une connaissance plus parfaite des choses célestes que tout ce qu’un théologien, si renommé soit-il, a pu acquérir par la seule spéculation. Cette plus grande connaissance – sans la manifestation de laquelle, selon sainte Catherine de Gênes (3), il n’y aurait sur la terre que confusion et mensonge - ne peut rester emprisonnée dans l’âme. Comme si cette dernière avait en soi un volcan qui la consumait jusqu’aux os et la faisait défaillir (Jérémie 20,9), sans pouvoir résister à ses ardeurs, elle se répandra en affections et en paroles enflammées, en vives étincelles d’amour qui illumineront, embraseront et se propageront par vagues de lumière et de feu, irradiant cette lumière vitale, dont sainte Madeleine de Pazzi (4) disait qu’elle illumine et vivifie toute l’âme, ses pensées, ses sentiments, ses actions et ses paroles.
Ainsi se produit l’expansion vitale des nouvelles dévotions et des nouvelles inventions de l’amour. Issues de cœurs emplis de lumière, elles deviennent autant de sources de doctrine, dont s’écoule une eau de sagesse salutaire qui féconde l’Eglise. Les âmes emplies d’amour, à la ressemblance de l’écrivain sacré, ne cessent de la sorte d’offrir au divin Amant les fruits anciens et nouveaux de l’agréable jardin de leurs cœurs : « A nos portes sont tous les meilleurs fruits. Les nouveaux comme les anciens, je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé » (Cantique, 7,13).
_______________ (1) « Ce ne sont donc pas seulement les hommes revêtus du sacerdoce, mais tous les fidèles sans exception qui doivent se dévouer aux intérêts de Dieu et des âmes : non pas, certes, chacun au gré de ses vues et de ses tendances, mais toujours sous la direction et selon la volonté des évêques, car le droit de commander, d'enseigner, de diriger n'appartient dans l'Église à personne autre qu'à eux, établis par l'Esprit-Saint pour régir l'Église de Dieu » (s. Pie X, Encyl. E supremi apostolatus, 4 octobre 1903). « Nous voudrions stimuler le zèle de tous – ajoutait-il – pour que chacun, selon sa condition et ses forces, contribue à l’œuvre de restauration chrétienne » (Encycl. Editae saepe, 26 mai 1910, n. 23).(2) Cf. Institutio spirit., c. 1, n. 3 ; cf. Thomas d’Aquin, Contra gentes, I, c. 6 ; Somme de théologie, IIa IIae, q. 171, prol. ; Garrigou-Lagrange, Le sens commun, la philosophie de l’être et les formules dogmatiques, II P. c. 3, § 5.
(3) Cf. Dialogue, III, 12.
(4) Cf. Œuvres, III P, c. 5.