Odeur de grève au Journal de Montréal

Publié le 10 mars 2008 par Steveproulx

Ça sent la grève au Journal de Montréal. C’est ce que nous apprend la dernière édition du magazine Le Trente.

La rédaction [du Journal de Montréal] compte en effet maintenant 20 cadres pour 65 journalistes, soit un patron pour 3 scribes. Du jamais vu.

Il semble que ce soit la nouvelle stratégie de Quebecor lorsqu’elle flaire le conflit syndical : nommer des cadres (non-syndiqués) qui assureront la production du quotidien advenant une grève ou un lock-out des journalistes.

Le bulletin syndical [publié par le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal] rapporte ainsi que certains de ces nouveaux cadres auraient même été recrutés avec la promesse qu’ils retrouveraient leurs fonctions syndiquées « après le conflit ».

Voilà qui ressemble étrangement à ce qui s’est passé au Journal de Québec.

Depuis un peu plus de 10 mois, le Journal de Québec paraît chaque jour, malgré l’absence de ses 252 travailleurs en lock-out (qui eux publient le journal gratuit MédiaMatinQuébec).
Ce tour de force est rendu possible grâce au travail d’une dizaine de cadres de la rédaction qui « font le travail qui était effectué, avant le déclenchement du conflit, par trente-cinq journalistes, seize pupitreurs, onze photographes et trois statisticiens. »


Connaissez-vous l'agence Nomade?

Le Journal de Québec est aussi alimenté par des journalistes de Canoë, ainsi que par de mystérieux scribes de l’agence Nomade, une agence de presse « mise sur pied à la suite du lock-out » (Le Trente), par Sylvain Chamberland, ex-directeur chez TVA et qui avait été nommé, en août 2005, vice-président pour le développement des affaires/média de Quebecor Média.
Au sujet de l'énigmatique agence Nomade, voici ce que le rédacteur en chef du Journal de Québec (qui alimente son quotidien des textes produits par cette agence) en disait, sous serment devant la Commission des relations de travail:

Je sais que l’agence Nomade a des employés, mais je ne sais pas qui ils sont. Ce n’est pas pertinent. Je n’ai pas besoin de le savoir », a-t-il dit, provoquant l’étonnement de Me Morin, qui semblait se demander comment le patron de la rédaction d’un journal pouvait se ficher ainsi de la provenance des textes.

Selon le Registre des entreprises du Québec, l’agence Nomade est enregistrée au 4621, rue Hutchison à Montréal (à quelques pas du Dairy Queen de l'avenue du Parc) et ses activités sont la «production de contenus multiplateformes» et la «consultation en communication». Pas de numéro de téléphone. Pas de site Internet.

Si vous avez plus de détails... je suis curieux!