Et si vous deviez partir vivre dans un autre pays, lequel choisiriez-vous ? Celui qui offre la meilleure éducation pour vos enfants ou celui qui propose les plus hauts revenus ? Chaque année, HSBC interroge 4000 expatriés sur leurs conditions de vie dans leur pays d’expatriation, pour en déduire un classement des pays les plus attractifs. Les questions portent sur l’attrait économique du pays, sa qualité de vie et la facilité d’y élever ses enfants : questions fondamentales qui nous ont tous fait douter à un moment ou un autre que l’herbe puisse être plus verte ailleurs.
Sans surprise, ceux qui ont choisi la France ne l’ont pas fait pour des raisons économiques (le pays se classe 29e sur ce critère). C’est en Arabie Saoudite que les expatriés apprécient les plus hauts revenus, les balades en yacht et l’attention d’un abondant personnel de maison. Mais bon, faut aimer le sable.
La France rechigne à offrir des gros salaires et du petit personnel, mais c’est la destination rêvée des bons parents : classée première pour la qualité de la santé, la gratuité de l’éducation et la qualité de l’alimentation des enfants, c’est aussi le pays où les enfants d’expats ont le moins de nostalgie pour leur pays d’origine et leurs amis ! Au regard des étrangers vivant en France, les enfants y sont plus en sécurité, profitent de meilleures crèches, d’une éducation de qualité (en plus d’être gratuite), passent moins de temps devant la télé et plus de temps avec leur parents… Bref, il y a de quoi faire rougir de honte tous ceux qui ont choisi de quitter ce paradis éducatif et sanitaire (et de faire réfléchir tous ceux qui, vivant en France, s’en plaignent sans arrêt). Les plus mauvais parents choisiront le Royaume-Uni, classé dernier pour l’éducation des enfants*.
Ceux qui veulent sacrifier l’éducation de leurs enfants pour leur offrir l’espérance d’un meilleur salaire (appréciez le paradoxe statistique !) ont choisi les Etats Unis.
Plus gros salaires, plus belles voitures, plus grandes maisons, avec plus de piscines, plus de voyages et une meilleure qualité de service : les Etats-Unis emportent la préférence des expats sur la France sur tous les critères économiques (à l’exception notable des résidences secondaires, la spécialité française de Normandie !)
Entre ces extrêmes, la qualité de vie ramène la balle au centre. Les expatriés apprécient les Etats-Unis pour la qualité de l’environnement professionnel et personel, la qualité de l’habitat, la facilité à s’intégrer dans la vie locale, les activités sportives, la richesse de la culture locale (si ! si !) et les possibilités de divertissement. Ils préfèrent la France pour ses marchés et sa gastronomie locale, sa vie sociale et sa cordialité au travail, la qualité de son système de santé et sa météo (mais tous ne comparent pas avec la Californie
Au final, les expatriés en France ou aux Etats-Unis ne parviennent pas vraiment à départager les deux pays : aux Oscars des expatriés, la France se classe septième, les Etats-Unis sixième. Le paradis statistique se trouve aux antipodes, en Australie, Nouvelle Zélande et Singapour (mais apparemment, ce sont aussi des paradis provisoires : contrairement à la France ou aux Etats-Unis, peu d’expatriés décident de rester et s’installer pour de bon dans ces pays).
Si j’adhère globalement au jugement porté par les expats vivants aux Etats-Unis, une chose malgré tout me laisse perplexe quant à ma qualité présumée de parent égoiste vivant aux Etats-Unis pour l’argent. D’après l’enquête, les enfants d’expatriés aux Etats-Unis sont deux fois plus nombreux qu’en France à regretter leurs amis et leur pays d’origine, mais ils sont aussi deux fois plus nombreux à aimer leur vie dans leur pays d’adoption aux Etats-Unis plutôt qu’en France. C’est paradoxal, difficile à expliquer, et pourtant, je l’ai également constaté personnellement à maintes reprises.
Encore une fois, sans doute l’explication se trouve-t-elle quelque part au milieu de l’Atlantique.
* Que les expats de Londres se rassurent : seuls 10 pays ont un contingent d’expatriés suffisant pour être classé sur ces critères. Ce n’est donc peut-être pas aussi grave que ça en a l’air !