Max | Mignon

Publié le 01 mars 2012 par Aragon

Je suis assis sur une bille de bois. 8h30 ce matin. Je ne fais rien. Mon passe-temps favori. Tout d'un coup un petit tit-tit-tit aigu, suivi d'un dzerr roulé. Il est là, il me regarde, il est au pied d'un Everest de bûches fendues. Il vaque, il fouille, il cherche, il me regarde encore, intrigué. Sans arrêt en mouvement. La queue relevée, il est comme une souris. Il passe dans le trou d'une bûche, ressort à 1 mètre. Replonge, ressort encore, comme un diablotin, un peu plus loin. Me regarde, rereplonge dans le tas de bois, reressort, plus vif que jamais, me reregarde encore. 8 grammes d'énergie parfaite et vive. Je le reconnais entre mille moi qui aime tant les oiseaux et les connais (presque) tous, du moins, ceux de nos contrées : Troglodyte.

Mon préféré. J'adore les Troglodytes. Ce que je ne savais pas en wikipédian sur lui de retour à la maison pour en savoir plus sur lui, c'est que son vrai nom, complet, c'est Troglodyte mignon.

Alors ça, ça me botte !!! Mignon est un des mots de la langue française qui me plaît le plus. Le plus rassurant, le plus joli pour moi. Protecteur. Je m'abrite encore à soixante balais sous le "mignon" comme sous un parapluie quand il pleut comme vache-qui-pisse.  "Mignon", c'est doux c'est rond c'est gentil. C'est plus que gentil, c'est mignon. Alors voilà t'y pas que mon piaf s'appelle "Mignon". Quelle nouvelle extraordinaire apprise aujourd'hui !

"Mignon" quand j'étais môme, la boulangère et la coiffeuse, le balançaient aux loupiots que nous étions. C'était leur expression. Elles aimaient les enfants. Très vrai, très fort. La coiffeuse surtout qui n'en avait pas. La coiffeuse si accorte qui me faisait rêver avec son extraordinaire poitrine toujours posée, hiver comme été dans la devanture colorée de ses décolettés époustouflants. La coiffeuse qui me caressait la joue quand son cocu consentant et si gentil de mari me ratiboisait la colline sur les ordres de mon paternel. La coiffeuse qui surveillait l'opération, qui accompagnait le désarroi de me sentir si nu du dessus par des rafales de "mignon" qui me ravissaient du plus profond du slip au plus profond de l'âme. La coiffeuse qui dispensait d'autres "mignons" à d'autres messieurs dont les copains et moi étions jaloux car c'était notre coiffeuse, c'était nos mignons... mais c'est une autre histoire. Une histoire d'adultes, à l'époque libres, vivants, généreux, joyeux et consentants.