« "Herkese merhaba !" Salut tout le monde !
Début août, je pars de Paris en covoiturage avec l'idée de rejoindre par la suite
Istanbul en stop. Un bagage réduit sur les épaules mais l'essentiel pour vivre. Au final, je ne ferai en autostop que la route de Colmar à Dresde. Dans cette ville industrielle de l'ex-RDA, je
retrouve un ancien colocataire allemand qui me fait une proposition sympa : m'emmener à Istanbul en camionnette et avec son chien. "Los !" C'est
parti ! République Tchèque. Slovaquie. Et première nuit en Hongrie. Deux jours sont nécessaires pour traverser les erratiques routes roumaines. Une nuit en Bulgarie. Enfin. Nous arrivons à
la frontière turque, à la porte d'Edirne. Ancienne ville d'importance sur la route de la soie, elle est aujourd'hui une simple ville moyenne, valant peu le coup d'œil. Les formalités à l'entrée :
près de deux heures d'attente, de la paperasserie, des frais d'assurance à payer pour le camion mais tout cela est sans importance : j'entends chanter les premiers minarets de l'autre
côté des postes-frontières ; la Turquie
Je commence mon année turque par un mois de cours de langue à Izmit (pas Izmir), une ville à 2h30 du centre asiatique d'Istanbul, Kadıköy. Je suis hébergé dans une colocation d'étudiants kurdes. Je fais ramadan avec eux. Histoire de vivre l'expérience. On rompt le jeûne vers 20h, c'est l'"iftar". On doit remanger avant 4h30 du matin. Entre temps, on dort... Si l'on n'est pas réveillés par le "davulcu", un type qui bat du tambour très fort dans les rues, précisément pour tenir les gens éveillés entre ces deux repas. Sympa le type ! Et pour couronner le tout, il paraît qu'il frappe parfois aux portes pour demander un pourboire !
Je ferai Ramadan vingt jours au lieu des trente ayant commencé dix jours après le début. Beaucoup d'Européens m'ont expliqué par a + b que jeûner ou passer une journée entière sans boire n'était pas possible pour eux. Cependant... Petit 1) ils n'ont jamais essayé et petit 2) on n'a pas une constitution différente des musulmans et eux le font bien. Me concernant, ce fut globalement plus facile que je le pensais. Deux jours se sont révélés assez durs mais parce que je voyageais. Cela étant dit, en période de voyage, les règles du Ramadan autorisent de boire et de manger.
Après les cours de langue, je pars pour plus d'une semaine en voyage avec deux amies. Direction : le dit
Kurdistan, nom culturel, ver
Octobre. Je commence mon activité d'assistant Comenius (le nom du programme
Le week-end, qui commence dès le jeudi pour moi, je me rends souvent dans le centre d'Istanbul retrouver
des amis étudiants. Je n'y habite pas pour le moment. Le centre d'Istanbul du côté européen est constitué de la place Taksim et de la longue avenue d'Istiklâl où défilent au
compteur des kilomètres de bars, de boîtes, de salles de concerts, de vendeurs de kebabs, de magasins de toute sorte ouverts jusqu'à pas d'heure. Trois millions de gens y passent chaque jour.
C'est le lieu où sortent les étudiants Erasmus. Même si j'essaye de l'éviter, j'y échoue assez souvent. Les bars sont semblables aux bars européens mais fréquemment des mélodies orientales en
sortent et rappellent que l'Anatolie n'est qu'à 20 minutes en bus. Les restaurants proposent des "mezzés", des petites entrées froides très varié
Les espaces centraux d'Istanbul sont toujours noirs de monde, et bruyants. Bus, taxis, "dolmuş" (taxis collectifs) et voitures klaxonnent à tout bout de champ. Des commerçant ambulants vendent à la criée à tous les coins de rue : des couronnes de sésame ("simit"), des bouteilles d'eau, du maïs, des châtaignes, du bric-à-brac, des parapluies dès qu'il pleut... Les distances sont toujours énormes : une heure de transport en commun correspond à un trajet moyen. L'air est pollué : mes poumons, ma gorge le ressentent souvent. On se sent vite "perdido en el corazon de la grande babylon" comme dirait Manu Chao... Personnellement, ça finit souvent par m'étouffer dans tous les sens du terme.
Mais j'apprécie Istanbul.
Où j'habite peu de Turcs parlent assez bien l'anglais ou l'allemand pour tenir une discussion. Cela
me pousse davantage à apprendre la langue. Je me suis rapidement
Voilà pour mes premiers mois en Turquie, déjà bien riches en anecdotes et en rencontres. Je pourrais encore disserter sur la politique, la géopolitique, la religion, l'économie, l'environnement, l'histoire, parler d'Atatürk, de la laïcité, des relations entre hommes et femmes, de la croissance urbaine incontrôlée, de l'absence de conscience écologique, de la corruption, de l'armée, du PKK, du tremblement de terre qui rasera un jour Istanbul, de la position stratégique du pays au Moyen-Orient, de l'arrivée des Turcs seldjoukides en Anatolie centrale au XIIème siècle...
Mais je vais en rester là et juste vous dire "Görüşürüz!" ! À une prochaine ! Sébastien ».