En novembre 2011, Xavier Bertrand annonce l’augmentation du « numerus clausus » concernant les étudiants médecins en France, portant ainsi leur nombre à 8 000 par an (en 70, le numerus clausus était à plus de 8 000 pour diminuer ensuite jusqu’à 3500 étudiants en 1992).
Pourquoi cette mesure ? Est-elle vraiment la solution ? D’autant que les premiers effets ne commenceront à se faire ressentir que dans environ 14-15 ans, date à laquelle les futurs médecins auront terminés leur formation.
Et la solution à quoi ? à un manque évident de professionnels de santé face à une population française de plus en plus vieillissante et qui présente des pathologies nécessitant des soins et un accompagnement de plus en plus importants et une population qui également présente des pathologies chroniques, de longue durée et de plus en plus nombreuses, nécessitant un suivi médical régulier.
Dès l’annonce de cette annonce du ministre du travail, de l’emploi et de la santé, des voix se sont levées pour affirmer que le nombre de médecins en France était suffisant et que le fond du problème se situait dans la mauvaise répartition des médecins sur l’ensemble du territoire, faisant ainsi naître des déserts médicaux.
Certains préconisant même jusqu’à imposer une clause d’installation obligatoire dans les premières années de l’exercice du jeune professionnel de santé, tel le rapport de la Cour des Compte paru en septembre 2011 recommandant la prise de mesures plus contraignantes pour forcer les médecins à s’installer dans les zones désolées et qui serait même pour la baisse du numerus clausus.
En attendant cette nouvelle génération de médecins, que dire également de la charge de travail de celle déjà en place, à l’image du problème de (non)prise des RTT accumulées par les médecins hospitaliers et devant être soldés avant début 2012.Cela représente 2,1 millions de journées de RTT (réduction du temps de travail) à prendre pour les 411 000 salariés des 1300 hôpitaux publics français.
Les 41 000 médecins ont accumulé à eux seuls la moitié de ces jours de RTT, ce qui représente près de 6 mois de vacances par médecin.
Car la prise (même partielle) des RTT par les médecins, reste un problème lié au financement de la prise de ces RTT, obligeant les hôpitaux à trouver des remplaçants alors que le nombre de médecins en exercice est insuffisant. Certains établissements comptant déjà des postes vacants non pourvus.
De fait, de nombreux médecins se prononcent favorablement à l’idée de convertir leur CET en compte épargne-retraite, ce qui les autoriserait à prendre leur retraite avant 67 ans, ou de travailler à temps partiel les quelques années précédant la cessation d’activité. Or, la moyenne d’âge des praticiens est déjà élevée (57-58 ans), ce qui signifie que le problème est reporté dans quelques années où il faudra éponger des départs massifs à la retraite, difficilement remplacés et très coûteux. Les dernières discussions semblent conduire vers un paiement de ces RTT.
Concernant des solutions plus proches de nous dans le temps, des protocoles de transfert de compétences sont à l’étude sous le contrôle de la Haute Autorité de santé, à savoir confier à du personnel médical tels que les infirmières, kinés,…des actes jusqu’alors réservé aux médecins afin de pallier à leur manque d’effectifs. Comme le cas des infirmières de l’institut Paoli-Calmette de Marseille qui ont été formées à réaliser des prélèvements de moelle osseuse, acte réservé d’ordinaire aux cancérologues. Des plans similaires sont en cours de réalisation entre les orthoptistes et les ophtalmologistes.
Cela semble pouvoir résorber certaines problématiques à échelle locale, à condition toutefois de rester dans le domaine du raisonnable et ne pas tomber dans l’excès comme cette proposition faite par Françoise Tenenbaum, adjointe PS au maire de Dijon, de remplacer les médecins par des vétérinaires dans les zones médicalement sous-dotées. Proposition qui a fait l’unanimité contre elle de la part des instances médicales et politiques.
On le voit, la situation de la démographie médicale en France est loin d’être résolue !
Devant ce constat alarmant, il devient urgent de trouver des solutions permettant de garantir une couverture de soins pour l’ensemble de la population, quel que soit sa situation géographique, avec une exigence d’économie budgétaire pour un système de soins qui affiche plusieurs années déjà des déficits abyssaux.
A ce jour, la e-santé semble porter de nombreux espoirs quant à la prise en compte de ces différents problèmes, à tel point que le gouvernement, à travers des chantiers prioritaires tels que le DMP, semble vouloir moderniser et transformer notre système de soins en l’adaptant aux possibilités offertes par les nouvelles technologies.
Mais le rythme de mise en place semble bien long pour les acteurs concernés et de nombreuses questions restent encore sans réponses, notamment autour du financement et des modalités de remboursement.