Un président de banque centrale voulait régler ses comptes avec ses débiteurs. Il commence en convoquant quelqu’un qui lui devait 60 milliards d’euros. Comme cet homme n’avait pas de quoi le rembourser, il ordonne de saisir tous ses biens et de le mettre en prison en remboursement de sa dette. Mais, tombant à ses pieds, l’homme lui dit : « Prends patience envers moi, je te rembourserai tout ». Saisi de pitié, le président de banque centrale le laisse partir. En rentrant, l’homme trouve un de ses débiteurs qui lui devait 60 000 euros. Il se jette sur lui pour l’étrangler en disant : « Rembourse ta dette ». Celui-ci le supplie : « Prends patience envers moi et je te rembourserai ». Mais l’autre refuse et le fait jeter en prison. Ses compagnons, voyant cela, sont profondément attristés et vont tout raconter au président de la banque centrale. Alors, celui-ci le fait appeler et lui dit : « Grossier personnage, je t’avais remis cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi j’avais pitié de toi ? » Dans sa colère, le président de la banque centrale le livra aux juges jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé.
Il s’agit là, bien sûr, d’une transposition un peu maladroite de la parabole évangélique (Mt 18, 23-35). Mais Jésus lui-même ne se référait-il pas à la situation sociopolitique et économique de son époque pour évoquer le Royaume de Dieu ? Un Royaume qui concerne nos affaires humaines dans ce qu’elles ont de meilleur et de pire. La parabole rappelle ainsi le caractère choquant de nos prétentions à exiger le paiement de nos dettes envers et contre tout, même lorsque nous sommes dans notre droit.
de Bertrand Heriard: Cet article a été publié dans La Croix du samedi 5 et dimanche 6 novembre 2011.