J’ai mis en ligne l’été dernier une série d’article sous la rubrique « Abstraite, non-figurative . . . l’aquarelle autrement »
J’ai voulu aller un peu plus loin dans mon approche. En effet, lorsque je visite des expositions, tous médiums confondus, il y a toujours des œuvres abstraites. J’ai souvent l’impression d’un « n’importe quoi », comme s’il suffisait de tracer ou peindre quelques lignes, figure géométrique ou projection de couleurs, dans une gestuelle de l’instant pour parler d’abstraction.
J’étais à la recherche d’un ouvrage qui pourrait m’expliquer d’où vient l’art abstrait, comment il est né, qui ont été les pionniers, comment ont-ils nourri leur réflexion
J’ai trouvé des éléments de réponse dans Qu’est-ce que l’art abstrait ? Une histoire de l’abstraction en peinture (1860-1960) un ouvrage de Georges Roque publié en 2003, chez Gallimard, dans la collection « Folio essais ». George Roque est philosophe, historien de l'art et directeur de recherches au CNRS.
L’ouvrage très documenté est une somme de près de 500 pages dont 70 de références bibliographiques et de renvois de notes de bas de pages. Il fourmille de citations d’artistes, d’écrivains, de philosophes, de linguistes, autour des notions d’abstraction, de la non figuration, de l’art abstrait, du rejet de toute figuration, de toute référence à la nature.
La plupart des auteurs fixent la naissance de l’art abstrait à l’orée de la première guerre mondiale. George Roque, comme l’indique le titre du livre, remonte à la seconde partie du 19 ème siècle. Il cite notamment Vincent Van Gogh, Paul Gauguin, Gustave Courbet, Maurice Denis, Francis Picabia, Guillaume Apollinaire, Wassily Kandinsky, Paul Klee, Frantisek Kupka, Robert Delaunay, Piet Mondrian, Kasimir Malevich, Charles Estienne, Jean Bazaine, Jean Cassou, Mark Rothko, Jackson Pollock, Alexandre Rodtchenko, Willem de Kooning, Barnett Newman, Michel Seuphor, René Ghil, Maurice Maeterlinck
Il évoque les querelles terminologiques, l’importance de la ligne et de la couleur, les rapports avec la linguistique et la grammaire de l’art abstrait. Et aussi les luttes entre courants, les figuratifs et les tenants de l’abstraction ou encore les abstraits entre eux.
Ainsi que la situation de l’art abstrait, qui dans les années 1950, omniprésent, s’installe dans un nouvel académisme. Bientôt supplanté par le Pop art et le Nouveau Réalisme et le retour à la figuration, à l’image
Mais la frontière entre l’abstraction et la figuration somme assez imprécise. Dans son épilogue, l’auteur donne l’exemple du peintre suisse Peter Stämpfli qui partant de l’automobile, en est arrivé au pneu puis par grossissement à la représentation des rainures des pneus, d’apparence tout à fait abstraite. Il fait aussi le parallèle entre certaines œuvres abstraites et les vues aériennes, les fractales