Eloigné des " idées reçues " et même si le "magister " ne me dicte pas ma conduite: comme catholique je suis attentif à ce que communique mon église. Cet avis, tout clérical qu'il soit, m'invite à m'interroger, me questionner; et je suis libre ensuite, en toute conscience, de discerner ce qui est bon pour moi...
Sur la crise, j'ai relevé - ci dessous - des propos " catholiques ":
De Gaël Giraud, jésuite, économiste, CERAS, CNRS, École d’Économie de Paris.
- Le Traité de Lisbonne interdit de monétiser directement les dettes publiques des États (i.e., sans passer par les marchés) par crainte d’une poussée
inflationniste. Mais pourquoi avons-nous été si réticents à courir ce risque pour sauver un État, alors que nous l’avons fait pour les dettes bancaires, largement monétisées en 2008 ? Un
État vaudrait-il moins qu’une banque ?
( ... ) que l’épouvantail de l’inflation est agité, aujourd’hui, à tort par ceux qui sont opposés à une monétisation des dettes souveraines.
( ...) d’ouvrir un nouveau sentier de croissance européenne. Celle-ci ne peut dépendre que de notre demande interne, donc de la hausse du pouvoir d’achat des classes moyennes européennes – tout le contraire du plan d’austérité exorbitant que Bruxelles et le FMI imposent aujourd’hui à Athènes, avant, que la France et l’Allemagne ne l’exigent de l’ensemble de la zone euro, dans l’espoir de « rassurer » des marchés pris de panique.
De Etienne Perrot, jésuite, économiste, Genève , Février 2012:
- Non sans risque politique, les évêques de la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne (Comece) se prononcent en faveur d’une économie sociale de marché, formule née dans l’Allemagne d’après-guerre et reprise dans le traité de Lisbonne de 2007...
- (... ) Les évêques soulignent combien la concurrence n’est pas un produit naturel. Pour être préservée, elle doit être organisée. Ils rappellent le rôle indispensable des initiatives mutualistes et coopératives, mieux à même, souvent, de répondre à des besoins que le marché peut difficilement valoriser. Au-delà des ajustements budgétaires, la Comece pointe avec juste raison pour l’intégration budgétaire, sans laquelle monnaie et marché ne peuvent que déraper. C’est d’ailleurs la seule manière crédible de préserver la substance de la protection sociale et le souci écologique.
- (...) la crise ne pourra être surmontée sans que la sphère financière ne participe largement à la solution par prélèvement sur ses bénéfices.
-
- (... )
c’est la traduction politique (car politique il y a dans cette contribution de la Comece) des principes moraux de subsidiarité et de solidarité, lignes de force de la doctrine sociale catholique.
Dans "la Croix " ( 5 Nov 2011) :
- dans Caritas in veritate, Benoît XVI met en garde contre les dérives de la finance. Mais en rappelant aussi que « l’être humain est fait pour le don », il invite à faire en sorte que le principe de gratuité et la logique du don trouvent « leur place à l’intérieur de l’activité économique normale ». Et il est probable que nous ne sortirons pas de la crise sans que la gratuité et le don nous aient libérés du poids de la dette et de la violence qu’elle suscite.
Dans un document du Vatican, intitulé "Pour une réforme du système financier international dans la perspective d'une autorité publique à compétence universelle":
- Le Vatican met en garde contre "l'idolâtrie du marché" et "l'idéologie néo-libérale" selon laquelle les problèmes actuels seraient exclusivement d'ordre technique.
"La crise a révélé des attitudes d'égoïsme, de cupidité collective et d'accaparement des biens sur une vaste échelle", poursuit-il, ajoutant que les économies mondiales devaient assumer une éthique de la solidarité entre pays pauvres et riches.
-( ... ).L'importance des facteurs éthiques et culturels ne peut donc pas être négligée ou sous-estimée. En effet, la crise a révélé des attitudes d'égoïsme, de
cupidité collective et d'accaparement des biens sur une vaste échelle. Personne ne peut se résigner à voir l'homme vivre comme un loup pour l'homme , selon le concept mis en évidence par Hobbes .
Le document pointe une orientation de style libéral – réticente à l'égard des interventions publiques dans les marchés , qui dit-elle, a fait opter pour la faillite d'un institut international important, en pensant ainsi pouvoir limiter la crise et ses effets. Ce qui, hélas, a entraîné la propagation du manque de confiance, qui a induit des changements soudains d'attitudes réclamant des interventions publiques sous différentes formes et de vaste portée (plus de 20 % du produit national) afin de tamponner les effets négatifs qui auraient emporté la totalité du système financier international. .
Le coupable serait donc l'idéologie du marché : Avant tout un libéralisme économique sans règles ni contrôles. Il s'agit d'une idéologie, d'une forme d' apriorisme économique qui prétend tirer de la théorie les lois de fonctionnement du marché et celles dites lois du développement capitaliste, en exacerbant certains aspects. Une idéologie économique qui fixe à priori les lois du fonctionnement du marché et du développement économique sans se confronter à la réalité risque de devenir un instrument subordonné aux intérêts des pays qui jouissent concrètement d'une position avantageuse au plan économique et financier. (N°1)
Le Conseil Pontifical Justice et paix met en garde contre le risque d'idolâtrie du marché qui ignore l'existence des biens qui par leur nature ne sont et ne peuvent être de simples marchandises (n°2) et souhaite promouvoir une éthique de la solidarité , régulant le marché.
DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L'ÉGLISE
« Le marché libre ne peut être jugé sans tenir compte des fins qu'il poursuit et des valeurs qu'il transmet au niveau social. De fait, le marché ne peut pas trouver en lui-même le principe de sa propre légitimation. Il revient à la conscience individuelle et à la responsabilité publique d'établir un juste rapport entre les fins et les moyens. Le profit individuel de l'agent économique, bien que légitime, ne doit jamais devenir l'unique objectif. À côté de celui-ci, il en existe un autre, tout aussi fondamental et supérieur, celui de l'utilité sociale, qui doit être réalisé non pas en opposition, mais en cohérence avec la logique du marché. Quand il remplit les importantes fonctions rappelées ci-dessus, le marché libre sert le bien commun et le développement intégral de l'homme, tandis que l'inversion du rapport entre les moyens et les fins peut le faire dégénérer en une institution inhumaine et aliénante, avec des répercussions incontrôlables…. »
le Cardinal RENATO RAFFAELE MARTINO, Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix » CITÉ DU VATICAN, Le 29 juin 2004