Ca y est, l’autopublication est devenue mode (suite au reportage de Capital sur le livre numérique – bourré d’approximation et d’erreurs, mais ce n’est pas la question ici) et que le grand public a vu le succès de David D. Forrest et son roman En série
Voilà donc qu’arrive ce qui était à craindre (au regard de ce qui se passe aux états-unis), la guerre des commentaires est déclarée sur Amazon.
En quoi consiste-t-elle ?
Tout simplement en postant un nombre conséquent de commentaires sur un texte à peine publié. D’un coup, un texte d’autopublié qui n’a que quelques jours (parfois heures) de vie se retrouve affublé d’une dizaine de commentaires élogieux et peu subtils (5 étoiles – le max ! et « histoire passionnante, je l’ai dévoré » on pourrait dire la même chose d’à peu près n’importe quel livre…) Auteur qui par ailleurs n’a pas de présence sur internet (blog, twitter, facebook, forums, etc.) qui pourrait expliquer cet afflut massif d’avis positifs.
Cet intérêt les met sous les projecteurs et les ventes s’envolent. C’est une technique marketing publicitaire : une bande de personnes de mèche (fictives la plupart du temps) annoncent « C’est génial, achète ! » et le lecteur achète.
Pour explication, les commentaires réels sont extrêmement difficile à obtenir, il suffit de regarder les textes ne pratiquant pas cette guerre publicitaire :
En série en 150 jours de présence au top 100 (dont plusieurs dizaines de jours dans le top 10 et même top1) n’a obtenu que 22 commentaires avec des notes variées et des personnalisations (détails sur l’histoire, ressentis personnels…)
Petits Meurtres en à 11-12, il me semble, pour sensiblement la même durée. Obtenir des commentaires c’est dur, parce que sur plus de 2500 personnes ayant acheté le livre, seuls une douzaine a pris le soin de donner son avis. Un lecteur ne donne jamais son avis, il lit et c’est tout. Avoir des retours est exceptionnel, croyez-moi !
Alors quand je vois un texte qui ressort avec 13 commentaires à 5 étoiles, tous écrits en moins d’une semaine (voire le même jour), mon esprit mal tourné ne peut s’empêcher de me poser des questions.
Surtout quand j’observe que la majorité des commentateurs n’ont qu’un ou deux commentaires à leurs actifs (tous élogieux…) et que si par malheur quelqu’un vient mettre une mauvaise note ou critiquer l’orthographe, le contenu, etc., ce commentaire est aussitôt noyé derrière 3 nouveaux commentaires élogieux. Mais j’ai l’esprit mal tourné, c’est sans doute ça !
Je vous explique : un des moyens d’apparaître en tête des classements de popularité (et donc d’être visible et vendu) est d’avoir de bons commentaires. Vu que la concurrence commence à être rude, il est tentant de faire de faux commentaires pour encourager à l’achat. L’achat de commentaires existe et est même très fréquent, pas uniquement pour les livres.
(edit : quelques liens envoyé par un ami (je sais pas si je peux le citer) pour plus d’explications sur le phénomène :
- App-store, la farce des classements d’apps
- Interview : AppVip et les classements de l’App Store
- Le business des faux avis de voyageurs
- Faux avis sur internet cinq procédure en cours
- Comment des entreprises françaises fabriquent et vendent de faux avis sur le net )
C’est pourquoi, j’ai un conseil à vous donner à vous lecteurs-clients : ne vous fiez pas à une notation élogieuse, ne vous contentez pas des commentaires enthousiastes, allez lire les autres avis des commentateurs (il y a un degré de « fiabilité » qui apparaît dans le profil du commentateur quand il est vraiment actif), lisez également les commentaires négatifs car ils peuvent vous apporter des infos sur ce que vous risquez. De plus, sur Amazon, vous pouvez télécharger le début du roman, histoire de ne pas tomber des nues quand vous vous rendrez compte que c’est mal écrit ou autre…
Pour les auteurs qui pratiquent cette méthode de faux commentaires (ou d’achat de commentaires : j’ai croisé des comm. dans des langues étrangères, ou encore des commentaires explicitement « commandés »), l’intérêt est certes de percer dans les ventes mais dans un temps limité : si votre texte est réellement bon, il aurait tout de même percé, s’il est mauvais, ça vous retombera dessus et vous serez catalogué « mauvais auteur » (c’est déjà arrivé en octobre au tout début de l’ouverture du Kindlestore France, mais bien sûr il fallait être là pour le voir… la majorité des auteurs autopubliés et des lecteurs n’est pas présent sur Amazon depuis aussi longtemps).
Pour moi, l’important, c’est le nombre de lecteurs réellement séduits par mon texte. Ce sont eux qui achèteront le livre suivant, pas les commentateurs fantômes qui ne l’achèteront pas…
D’ailleurs si vous voulez découvrir une autre facette de mes écrits, mon roman Fugues est disponible gratuitement jusqu’à demain matin en cliquant ici (et après lecture, n’hésitez pas à aller le commenter en toute honnêteté évidemment sur Amazon et ailleurs
Photo: CC by-NC-SA de Philip Howard