Nous aurons donc vécu sans que rien ne nous rende,
Ni l’acteur inspiré, offre de mille voix,
Ni la foule nourrie dans le flanc des légendes,
Sans que rien ne nous rende accessible à un choix.
Nous avons tant vécu et toujours nous précède
L’en demain déjà lourd, insu d’être nouveau :D’un cristal qu’on redoute et d’un plomb qu’on lui cède,
S’absoudre en pauvreté qu’on brade des chevaux.
Le temps s’allonge ainsi dans des périls extrêmes,
Tout y semble assez grand d’une paix, d’une guerre,
Selon l’arbre ou le grain qu’on arrache ou qu’on sème
D’une vie d’apparence à combler quelques vœux.
Transiger pourrait faire un compromis sincère,
Pour tout rapetisser jusqu’au don des aveux.
L L S 2
Il se rêve en habit comme il s’en débarrasse,Du geste accoutumé à l’ignorante grâce,
Un froissement, ici, là une déchirure,
Disciple les pieds nus, il fait son écriture.
La peur qui rôde, rôde autour de tout son être
Au lieu de l’effrayer le veut faire apparaître,
Et traversant en nerfs ses rigueurs de novices
Ordonne à sa stupeur entre les précipices.
C’est son humeur à lui, qui né sans précédent,Créant sa propre loi à part des contingentsEn fins ruisseaux transis dans une veine neuve,
Que de s’être déjà emparé sans apprendre,
Et de l’âme de l’or et du fruit de la cendre,
Dans l’hypothèse froide ou dans la rouge preuve.
L L S 3
La main à peine sue pointe du bout des doigtsUn morceau déchiré de la fin de la terre.
Est-ce lui, est-ce nous, est-ce eux ou est-ce moi ?Quelle ombre qui attend, cette image qui erre ?
Etre presque là-bas sans être reconnu.
Déjà de vent, déjà d’embrun, et du rocher
Le sable sous le temps, son décompte ténu,
Duquel, c’était hier, nous étions détachés.
Est-ce là ce qui va, d’une nulle conscience,
Escamoter nos voix, dissoudre nos orgueils,
Jusqu’effacer nos pas finissant en enfance ?
A ne sentir la proue d’un destin insensé,
S’en allant négocier son fantôme aux écueils,
Par nos œuvres suivie d’un sillage embrasé.