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Géraldine (post-Atarɐxe)

Publié le 06 mars 2012 par Banalalban

Quand tu veux t’insérer dans le milieu littéraire notamment parisien puisque c’est là que ça se passe, les provinces, on le sait bien, n’existant que pour faire joli, et que tu écris genre un peu et que tu t’appelles Géraldine Bagnolet et que tu n’as pas forcément de talent parce que pour toi un bon livre doit pouvoir se lire rapide-rapide entre deux stations de métro, être simple comme les colorations pour cheveux à faire soi-même de chez Schwartzkopf, que tu fabriques des histoires mièvres mais mignonnes de ruptures et d’amours impossibles avec de beaux chirurgiens qui ont des tablettes de chocolat, plein de cheveux qui virevoltent au vent en ondulant de façon totalement naturelle et presque ostentatoire, de belles voitures impressionnantes et des chevaux magnifiques et que tu crois que c’est très intéressant et beau et puissant et renversant et très très émouvant comme les amours impossibles dans Twilight avec la magnifique et sensuelle Kristen Stewart à laquelle tu t’identifies malgré le fait que tu aies quarante-trois ans et quatre gamins issus de deux mariages différents avec deux hommes très laids et bedonnants, tu prends vite conscience que la seule chose à faire malheureusement ce n’est plus spécialement d’écrire parce que tu sais très bien au fond de toi-même que de manière objective tu écris avec des moufles ou des moignons, mais de te trouver des palliatifs qui fassent illusion dans le genre un pseudonyme stupide qui sonnera très auteure-poète-essayiste-pamphlétaire, plus en tout cas plus que simplement Géraldine Bagnolet, de t’autoproclamer et dire partout que tu es très justement et très désormais auteure-poète-essayiste-pamphlétaire depuis 1853 comme les jeans Levis, que ton enfance a été très horrible et que tu es en pleine reconstruction Gestalt et que tu penses pouvoir en tirer une histoire des plus émouvantes qui pourra servir ceux qui ont vécu les mêmes choses traumatisantes que toi alors qu’en fait tu as grandi à Neuilly et que tu n’as plus besoin de travailler depuis 5 ans grâce à la pension alimentaire que te versent tes deux anciens maris bedonnants et pleins aux as, de te faire faire des cartes de visites roses avec des pompons et des petits cœurs qui diront : « Pseudonyme Stupide, auteure-poète-essayiste-pamphlétaire, Paris, designed by Calvin Klein » suivis d’une citation pertinente d’Oscar Wilde du genre « Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour » même si celle-ci n’est pas d’Oscar Wilde mais peu importe du moment que ça fasse gentil et te rende accessible, de parcourir les rencontres littéraires pour serrer des mains d’auteurs ou de critiques cotés en montrant les seules choses de talentueuses que tu aies à savoir tes vagues formes quitte à renier les efforts féministes séculaires et cracher sur cette Simone de Beauvoir que tu ne connais que de nom parce que pour toi le féminisme tu l’associes immanquablement et exclusivement à Isabelle Alonso, et dire de manière très rapide à qui veut l’entendre : « Bonjour -je-suis-Pseudonyme-Stupide-auteure-poète-essayiste-pamphlétaire-et-j’ai-toujours-adoré-ce-que-vous-faites-même-si-je-n’ai-découvert-votre-travail-que-la-semaine-dernière-dans-Biba-et-je-crois-que-rien-n’est-mieux-que-ce-que-vous-faites-et-que-ce-que-vous-faites-est-inscrit-dans-une-optique-globale-des-plus-ambitieuses-et-bisous-bisous-pouët-pouët-et-j’ai-envie-de-frotter-mes-vagues-formes-contre-les-vôtres-celles-d’un-homme-de-pouvoir-qui-peut-me-servir-à-dessein-par-mes-seins » et de donc continuer à t’insérer dans un monde à grands coups de flatteries, de câlins et d’entrebâillements de portes d’entrejambe qui te permettront d’y arriver parce que le système aime et fonctionne comme ça et parce que tu n’aspires au final qu’à ça, à voir ton nom en grand en tête des gondoles « Coup de Cœur » et « Meilleures Ventes » de la Fnac, de Venise à Nouakchott en passant par Le Plessis-Robinson parce que tu as toujours trouvé très drôle le nom même de Le Plessis-Robinson pour finir par regarder les gens qui ne se définissent en rien comme auteurs-poètes-essayistes-pamphlétaires et qui ne sont en rien de beaux chirurgiens qui ont des tablettes de chocolat, plein de cheveux qui virevoltent au vent en ondulant de façon totalement naturelle et ostentatoire ou bien en rien des Kristen Stewart dans Twilight parce qu’ils ne font qu’écrire tout en restant très objectifs et lucides sur ce qui les motive à savoir qu’ils n’ont très justement d’autres aspirations que celle d’écrire pour écrire, et que tu les regardes et que tu leur dis : « Vous n’avez pas su y faire » puis à la tribune que l’on t’a donnée : « bonsoir, je suis Pseudonyme Stupide, auteure-poète-essayiste-pamphlétaire et j’ai réussi, je suis désormais connue et je vous vomis dessus depuis mon piédestal auto-fabriqué » parce qu’enfin, ce qui est condamnable, ce n’est pas là où tu as fini par arriver parce que tu es douée dans ce que tu fais et que tu le fais bien, non pas écrire on l’entend bien, c’est autre chose, tu le sais, ta bétise n'a pas la taille de tes nichons tant tu es au contraire finaude, mais plutôt l’attitude servile des gens qui t’auront permis d’y parvenir à grands coups d’esbroufe et d’arrivisme.

Je t’embrasse et te serre tendrement sur mon cœur. Je vais essayer de faire comme tout le monde, faire semblant de t’apprécier, même si je ne te connais pas tant que ça. Qui sait, cela pourrait peut-être me servir à moi aussi.

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