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Lianne La Havas & Marques Toliver – Point Éphémère (5 mars 2012)

Publié le 06 mars 2012 par Routedenuit

Le temps s’est rafraîchi depuis deux jours. La pluie tombe sur le quai de Valmy, les pavés sont glissants. Il est près de 20 heures et le Point Éphémère affiche complet pour ce concert de l’anglaise Lianne La Havas, connue pour avoir fait les premières parties de Bon Iver à l’automne, en Amérique du Nord.

Lianne La Havas a vingt-deux ans, des yeux incroyables d’espièglerie et une voix de velours. Dans la queue qui s’est formée avant que les portes s’ouvrent, on entend beaucoup de mots anglais, qui se mélangent au français avec un charmant accent. Le public britannique est visiblement au rendez-vous.

Les portes s’ouvrent, la salle se remplit à ras bord. Plus tôt dans la matinée, j’avais été vérifier l’heure du concert sur Internet. Mon oeil avait été immédiatement attiré par l’artiste qui assurerait la première partie : Marques Toliver. Je n’aurais jamais parié que je le verrais un jour… Il se trouve que je suis ce musicien chanteur sur Myspace et YouTube depuis près de cinq ans maintenant, depuis le jour où je suis tombé sur cette vidéo dans laquelle il chante un morceau incroyable devant une petite librairie de Londres, encerclé par des passants à la fois bruyants et émerveillés par ce que ce type fait de son violon. Marques Toliver est un soul-man avec tout ce que cela exige en termes de tessiture et de vibrato. Sa spécificité ? Les longues boucles de violon qu’il enregistre en direct, sur lesquelles il pose sa voix et de nouveaux passages de violon au fur et mesure. Inutile de dire que j’étais particulièrement impatient à l’idée de l’écouter enfin “en vrai”.

Les lumières s’éteignent et le concert démarre. Marque Toliver fait son entrée. Derniers réglages micro, il enregistre sa première boucle alors que la salle se fait doucement silencieuse. Les gens sont intrigués, et ont l’air de se demander ce qu’il va bien pouvoir faire. Il faut reconnaître que chanter tout en jouant du violon n’est pas nécessairement la chose la plus ergonomique qui soit, à première vue. Premier mot et la magie opère. On est immédiatement touché par cette voix profonde et éclatante, et par cet immense sourire qu’il adresse souvent au public. Il s’éclate, et nous aussi. Il est rare que l’on se rappelle des premières parties, inutile de dire que celle-ci fera date.

Puis Lianne La Havas fait son entrée. Les musiciens s’installent, la lumière se fait plus intime. Les premières notes de “No Room For Doubt” retentissent, le ton est donné. La voix est précise, millimétrée, le tout posé sur le son si particulier de sa guitare. Difficile de ne pas penser à Andreya Triana, avec qui elle partage la même aisance scénique, la même capacité à nous faire croire que tout cela est extrêmement facile. Lianne La Havas est un écrin dans lequel se conjuguent à la fois l’assurance et la sensibilité. Les titres s’enchaînent jusqu’à l’apothéose sur “Lost and Found” et “Gone”, deux titres qui laissent présager d’un avenir des plus brillants. En sortant, on est certain d’une chose. Ces deux artistes partagent quelque chose d’assez rare aujourd’hui dans la musique : la spontanéité. Ils prennent un plaisir fou à jouer, et savent le transmettre à merveille. Un très beau concert.



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