Je ne suis pas celle que vous croyez. Je suis bien pire. Il m’arrive de faire preuve de lâcheté. Parce que répéter tout le temps la vérité à des abrutis, ça me fatigue. Alors je fais semblant d’être des vôtres. Je suis polie. Je donne le change. Je vous souris. Vous êtes contents, mais je ne vous aime pas pour autant. Ma haine est intacte. Je soliloque en silence tout les mots que j’aimerai vous vomir.
Car souvent vous me donnez la nausée. Une telle concentration de laideur et de stupidité ça ne devrait pas être permis. La médiocrité assumée de vos vies, la bien-pensance avec laquelle vous badigeonnez votre esprit, vos attitudes serviles, votre amour de l’Autre au détriment des vôtres, le mépris affiché envers votre famille originelle, tout ça me fout le bourdon. L’amertume me saute à la gorge. Je me dis merde, c’est pas possible que nous soyons devenus aussi crétins. Une civilisation de carpettes et de ventres mous.
Ailleurs, dans la vie rêvée, ce n’est guère mieux. Les échanges sur le net ont donné naissance à un nouveau type d’être humain. Plus schizophrène que jamais. Les hommes n’en finissent pas de se castrer les couilles tandis que les femmes singent ces derniers dans ce qu’ils ont de plus détestable. Et chacun de hurler à l’incompréhension. Seul dans son coin.
Mais surtout, je vous souris pour avoir la paix. Parce qu’avoir la paix, malgré tout, c’est mon bien le plus précieux et quand je me retrouve en face de vos gueules de débiles satisfaits, je me dis qu’au bout du compte c’est une forme de survie.
Je n’ai pas une âme de martyr.
Tags: Faiblesse, Lâcheté, Monde moderne, Nausée
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