Depuis quelques temps, j’attends un livre. Ce livre, c’est Lisa de Jeff Balek. Il n’est pas encore sortie, du moins pas encore en version numérique, et sans doute un peu réécrit (si j’ai bien compris) par rapport à la version auto-édité en papier.
Là, je sais que la sortie est imminente (y’a la couv qui a circulé et pas de date… raaaaaaaaaaaaah), mais bref, je me ronge en attendant que ça sorte. Pourquoi ? Parce que j’aime l’auteur (euh… son écriture, plutôt, je veux pas d’ennuis avec Madame Balek
), parce que sa devise c’est « écris comme tu tirerais à la mitrailleuse : droit au coeur » et que c’est exactement ça.Et là, je me suis rendue compte comme une nouille (non, même pas une nouille en fait, une lavette sale ou un truc pire…) que je n’avais pas fait la critique de Macadam Gonzo !
Alors, je me rattrape, en attendant…
Macadam Gonzo de Jeff Balek – Editions Numériklivres – 3€99
Je vous la fais de mémoire, mais avec le coeur, vu que je l’ai lu il y a plusieurs mois et qu’il est toujours là quelque part dans un coin de ma tête.
Macadam Gonzo est donc un roman qui raconte l’histoire d’un type qui se retrouve à la rue après avoir subi une descente progressivement banale: un boîte qui marche plus, des créanciers, un laisser-aller et une fatigue morale parce qu’on ne voit pas comment s’en sortir, pour arriver au final à ne plus rien avoir que quelques vêtements et une voiture.
Voilà le narrateur (je crois pas qu’il ait un nom, ce narrateur, vous m’excuserez s’il en a un, je ne l’ai pas retenu) qui se retrouve donc à la rue, dans sa voiture et doit s’en sortir. Parce que finalement, une fois dehors, il se retrouve « libéré » des contraintes qui l’oppressaient depuis des mois (échéances, huissiers et consorts) et le prend plutôt bien.
Il parait qu’il y a du vécu là-dessous, ça ne m’étonne pas : pas de grande histoire de famille de la rue, pas de groupe de SDF qui s’entraident, pas de misérabilisme sur la mendicité ou le froid ou quoi que ce soit habituellement raconté quand des auteurs imaginent la vie de SDF.
Ce qui ressort de ce livre, c’est que le narrateur est un type comme les autres qui finit à la rue. Mais qui n’en reste pas moins un type normal. Evidemment, avec le temps, quelques problèmes propres à sa situation font surface, mais finalement, ce n’est ni un fou (il en joue souvent), ni un illuminé. Juste un type qui dort dans une bagnole, qui a besoin de manger, de se laver, d’avoir des contacts humains.
Ce qui traverse tout le récit, c’est cette absence de contact, de chaleur. Comme si tous les amis qu’il avait avant, avaient disparu. Soit que ce soit eux qui s’éloignent, soit que ce soit lui qui ne les abordent plus. Par honte, par besoin de ne pas abuser, par pudeur. Il y a de l’espoir aussi, quand il retrouve de vrais amis qui, même avec leurs difficultés financières, l’aident et puis de la perversion, dans un jeu des généreuses connaissances dont il abuse parce qu’au fond, il a compris que la relation n’était pas dans l’être mais dans le paraître (les bons bourgeois bohème qui invitent leur pauvre à table, comme une exhibition de leur vertu)
Finalement, ça parle assez peu de la rue et du quotidien des SDF, ça parle surtout des relations humaines. Je pense que ça m’a touché pour plusieurs raisons. La situation de départ d’abord : la boîte qui marche pas, qui s’enfonce progressivement, la lassitude qui vient avec et ce sentiment d’étouffer parce qu’on ne sait pas comment s’en sortir. Je l’ai vécu il y a peu (en couple, avec des enfants…)
Les relations avec les amis aussi, les trahisons, l’impression de ne pas être vraiment ami, d’être utilisé (ouais, j’ai encore quelques rancunes envers certaines personnes), de n’avoir finalement pas grand monde sur qui compter…
Alors, là, à cet instant, vous vous dites « Nan, mais je vais pas lire ça ! Ça va me foutre le bourdon pour des semaines ! » et bien non ! Parce qu’il y a un souffle d’espoir et de positive attitude (ouais, bon, la référence à Lorie en parlant de Balek, c’est limite… Pas du tout son style ! )
On en ressort avec l’envie que ça aille mieux, même si le monde fonctionne mal. Ça fait comme la bouffée d’air frais qu’on se prend un pleine poire quand on arrive face à la mer : un bien fou.
Macadam Gonzo de Jeff Balek – Editions Numériklivres – 3€99