Magazine Humeur

Du Sang, de la Sueur et... Des Ventes à emporter

Publié le 09 mars 2012 par Georgezeter

Du Sang, de la Sueur et… Des Ventes à emporter 1

Emission British de TV Réalité : Blood , Sweat and Takeaways [1]: C’est la mise en situation de six jeunes participants Anglais, 3 garçons, 3 filles qui vont habiter et travailler aux côtés de ceux, dans les pays pauvres qui produisent à l’autre bout du monde la nourriture qu’ils ingurgitent chaque jour, ou bien les vêtements de marques qu’ils portent, sans vraiment y penser. De se retrouver dans des rizières, des champs de coton, des poissonneries, des fermes d’élevage de crevettes ou des fermes de poulets vont mettre nos « enfants gâtés » dans des situations de prise de conscience passant par de grands moments de dépression, de sang, de sueur et de pleurs… Et parfois aussi de joie.

Pour une fois, (c’est la seule) je trouve une émission de ce type fortement instructive, non pas pour son coté voyeur (c’est le but), mais pour le fond : NOUS, les occidentaux en cas de pénurie ne pourrions survivre moins d’une seconde, trop habitués que nous sommes depuis 3 générations à ce que tout nous tombe cuit à point dans le bec, sans vraiment fournir d’efforts démesurés. Nous sommes devenus incapables de reconnaitre une plante, un arbre, et même la dernière génération ne sait plus comment est construit un poulet (combien de pattes ?) – à part voir des blancs sous cellophane, des cuisses et des ailes au rayon boucherie, ne parlons pas des vaches, moutons et canards… Quant aux boucheries chevalines alors là… Quant à la triperie et les tripiers alors là… Tu repasseras mon rognon !

Dites moi, Qui aujourd’hui se sent capable d’acheter un lapin vivant, de le tenir entre ses genoux lui caresser le dessus du crane et comme ma grand-mère en Bretagne faisait : lui enfoncer un couteau dans l’œil et tourner pour défoncer la cervelle, le mettre aussitôt tête en bas pour qu’il se vide de son sang et en même temps alors que l’animal bouge encore de le « dépiauter » de haut en bas comme celle qui enlèverait ses bas ; Qui ? Quant à tuer le cochon… C’était toujours chez mes grands-parents à la Noel ; j’en aie encore aujourd’hui de mauvais rêves : le cochon bien engraissé était couché en force sur le coté par 2 ou 3 forts gaillards, puis, le boucher aiguisait son long couteau effilé et le plongeait dans la gorge et pompait avec une des pattes avant le sang qui tombait en gros bouillons dans un sceau. Le goret, entre son plaquage au sol et ses derniers souffles de vie criait, criait, hurlait ! Cela ressemblait aux cris d’un bébé qu’on égorge ; c’était pour un enfant de quoi cauchemarder pendant des lustres d’autant qu’à l’époque la « cellule psychologique » n’existait pas. Lorsque le porc s’était bien vidé il était suspendu à une échelle, on lui passait sur le corps une torche de brindilles allumées afin de bruler les poils de sa couenne, ça sentait le sang, la merde et la chair brulée… Puis d’un coup de couteau expert de haut en bas, la bête était ouverte en deux, les tripailles toutes fumantes s’écoulaient lentement dans une bassine… Le pire du pire c’était que le boucher retournait vers le sceau plein de sang y ajoutait des oignons, sel poivre et trempait son énorme doigt pour l’amener à sa bouche, afin d’être certain du bon assaisonnement du boudin… Encore aujourd’hui, acheter de la viande pour moi n’est pas un acte léger, je sais que ces « morceaux » dans mon panier furent palpitants et vivants, que des hommes travaillèrent dur pour que je puisse sans trop me crever déguster une bonne chair (je ne vais JAMAIS dans un supermarché pour cause de boycott, mais toujours chez des petits commerçants ou dans des marchés ouverts - Important de vivre en harmonie selon ses propres préceptes)

 

Comme vous le voyez, parler d’une émission de TV réalité peut amener à remuer les cendres enfouies sous les genets de l’âtre de ma mémoire. En ce temps là (et ne croyez pas que j’ai 177 ans) la bouffe, les vêtements étaient fabriqués pas trop loin de chez toi, ils étaient en « connexion » avec la réalité du vrai monde, et nous n’avions d’ailleurs pas besoin de créer par le virtuel une monde de Tv réalité, puisque nous y étions de plein pied, dans la REALITE ! Donc ! Nos 6 petits anglais se retrouvent en Thaïlande (où j’ai vécu 1 an ½) pendant la saison de la récolte du riz ; ils en chient des ronds de chapeau. Je ne vais pas faire le malin, car, j’y suis allé dans la province de l’Issan, la région Est et pauvre de la Thaïlande, et moi aussi j’ai voulu faire le jack… J’ai tenu peut être une grosse heure à récolter les pousses de riz. Il y a une chaleur accablante, c’est bourré de moustiques et autres rats et serpents, comme nous sommes bien plus gros et lourds que les locaux, on s’enfonce dans la rizière jusqu’aux cuisses et ressemblons à de gros buffles embourbés malhabiles, le pire c’est la réverbération du soleil sur l’eau, ça vous crame le visage en un rien de temps… Et comme dans le jeu TV réalité, NOUS, pouvons dire, « j’en aie assez, j’arrête ! » ; eux, les paysans n’ont pas d’autre option, c’est tu récoltes, tu bouffes ! Je me souviens de combien gagnait un homme pour une journée de 10 heures de travail dans cet enfer : 100 Baths. Pour vous donner une échelle, c’était le prix de 2 bières bien fraiches dans un café de la ville.

Les 6 jeunes anglais se retrouvent à récolter et battre le coton en Indonésie – une parenthèse : n’achetez pas de teeshirts ou autres vêtements avec du coton venant de ce pays, car, la récolte dure 4 mois et le gouvernement sort des écoles les enfants pour aller cueillir les boules cotonneuses. Il y a aussi les sweatshops en Inde et autres pays du continent, où des hommes, des femmes et surtout des enfants s’arrachent les yeux, les mains à coudre 25 heures par jours les fringues que vous jetterez la saison finie. Quant aux fermes de poulets de Thaïlande… Je vous recommande fermement de regarder certains documentaires concernant ces élevages ; il n’en va pas seulement pour les animaux, mais aussi pour les hommes.

Du Sang, de la Sueur et… Des Ventes à emporter 2

Tout ça pour dire quoua ?

N’étant pas passéiste, je veux me tourner vers demain. A la fin de l’émission, nos 6 Brits retournent home, bien sûr qu’ils ont appris, mais quoi… deux mois plus tard tout est redevenu comme avant. Mac Do, Fringues et MP3. Dans un monde si petit comment avons-nous put cloisonner si bien que la chambre d’écho ne fonctionne plus. En un monde de l’information qui fonce en nano seconde, le paysan dans sa rizière reste un parfait inconnu, pour le Londonien attablé devant un Mocato de chez Coffee Shop.

Dommage, car, ce qui est vraiment bien sur cette petite planète lancée à 40.000 km/h dans l’espace intergalactique, c’est sa volonté de se réinventer à chaque fuseau horaire, à chaque pulsation de vie. Et j’ai le sentiment relatif d’être me concernant devenu étranger à mes contemporains nés « du bon coté du mur » ; nous perdons la perspective des choses, nous ne transmettons rien à ceux qui nous suivent, à part, de participer, comme pansement sur la trop fameuse jambe de bois, à une émission qui a pour titre : Blood, Sweat and Takeaways ça ne vous laisse pas songeur ça ? Moi si, et ils vont se bidonner les historiens dans 200 ans lorsqu’ils devront coucher sur support notre si jolie époque… Dans 200 ans… Ouais, serons-nous encore là ? 

Georges Zeter/Mars 2012

En anglais british: Takeaways veut dire concernant les aliments : ventes à emporter.

En anglais ricain: c’est: Food to go.


[1]http://www.youtube.com/watch?v=2fNVAuSxEb4


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog

Magazine