Bon gré, mal gré, il faudra vous y habituer. Pour les gens du Sud, Paris n’est pas une ville mais une vaste région. Souvent incapable de distinguer le Paris intra-muros de la petite couronne ou de la grande couronne, votre interlocuteur provençal peut ainsi vous dire le plus naturellement possible que son fils habite Paris alors qu’il habite en fait Montrouge, Aubervilliers, Le Chesnay voire Voisins-le-Bretonneux !, bref dans une des banlieue plus ou moins proche de Paris, et force est de constater qu’il est totalement vain de s’aventurer à donner une petite leçon de géographie. Tel un mauvais élève qui n’écoute pas ou ne comprend rien à votre laïus, tout aussi basique qu’il soit, il continuera semaine après semaine de vous parler de son fils qui “vit et travaille à Paris”.
Même déformation auprès des anciens franciliens qui arrivent en Provence et qui se présentent comme Parisiens. Vous pensiez que vous alliez (enfin) pouvoir causer de Paname ou qui sait ?, vous trouver des lieux, des quartiers, des amis ou connaissances en commun. Hélàs ! après une minute de conversation, vous vous rendez compte qu’il y a presque zéro chance qu’il connaisse le quartier dans lequel vous avez grandi ou vécu et encore moins ces petits coins de Paris que vous affectionniez tout particulièrement et qu’il vous aurait été agréable d’évoquer ensemble. Quelle frustration !
Et quel choc de découvrir qu’après seulement trois ans passés en Provence, vous avez l’exacte déformation inverse. A Paris, vous découpiez la France en deux. Il y avait Paris et la Province. Marseille, Cannes ou Montpellier, même combat, toutes ces villes étaient au Sud… Dorénavant en Provence, vous finissez aussi par découper la France comme le font les méridionaux avec grosso modo les Parisiens “en-haut”, et ceux d’ici… qui -vous l’avez découvert- sont pluriels et que l’on distingue précisément. Allez donc dire à un Marseillais qu’il est Aixois !