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Traîne-savates

Publié le 11 mars 2012 par Fossemalrockdie

Igor s'est réveillé chiffon ce matin.

Igor traînait des pieds.

Hélas, il le savait.

Et en concevait beaucoup d'amertume.

Beaucoup.

A moins qu'il n'eut les pieds encombrés d'amertume.

Allez savoir.

Bref.

Igor voulut réagir.

Dire non.

A ces boulets qui lui servaient de pieds.

Il se mit à marcher.

Il espérait, en faisant circuler le sang, le fluidifier.

Rendre ses pieds aussi légers qu'avant.

Mais les kilomètres s'enchaînèrent sans que ses pieds décollent du bitume.

Igor semblait accrocher au sol.

Celui-ci paraissait l'aimanter.

Chaque pas fut un effort colossal.

Sous un soleil de plomb.

Igor était comprimé entre le haut et le bas.

Et derrière lui, une traîne se formait.

Un cortège de soucis.

C'est un pote qui venait de le croiser qui lui fit observer.

Le pote avait laissé tomber ses clés, il avait voulu les ramasser.

Il s'était baissé.

Igor était déjà assez loin.

Le pote s'était emparé de ses clés.

Elles s'étaient coincées dans la serrure d'un cadenas.

Le pote fut surpris par cette coïncidence : ses clés par terre, un cadenas par terre, ses clés coincées dans la serrure de celui-ci.

Maintenant qu'il était accroupi, que coûtait au pote de tenter de comprendre pourquoi aucune de ses clés n'avait pu ouvrir le cadenas ?

Il n'était pas à une coïncidence près, non plus, le pote en question.

Il testa posément chaque clé dans la serrure.

Rien à faire.

Le cadenas ne sautait pas.

Comme le sang des pieds d'Igor, qui ne se fluidifiait pas.

Le pote rappela Igor.

"Hep là, tu sèmes tes soucis".

Igor se retourna (il était assez loin).

"Poussent-ils ?", répondit Igor.

"Non, ils sont verrouillés", répliqua le pote.

"C'est bien pourquoi je continue d'avancer. Je cours après le printemps".

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