Semaine mitigée pour dessinateur fainéant

Bonjour,

une fois de plus un déplacement inutile pour me voir répéter les même mondanités : " le dessin, c'est dur d'en vivre, c'est un milieu professionnel difficile...". Je suis au courant de tout ça et j'ai bien conscience qu'en attendant de pouvoir insérer mon pied dans la porte ( si jamais je la trouve), je gaspille l'argent du contribuable. Seulement voilà, d'une part personne d'autre n'a rien à me proposer comme activité : avec mes deux bacs, mes 160 kilos et ma dégaine de geek, je comprends tout à fait. D'autre part, j'ai beau respecter les autres, ce qui ressort de ces rendez-vous est que je suis seul : aucun de mes interlocuteurs ne connaît le milieu de l'illustration ni ne peu m'orienter vers une personne qui s'y connaisse. Dire que je me suis fustigé ses 10 dernières années pour avoir été incapable de prendre les bons virages pour m'orienter tout seul vers un milieu dont j'étais à des années-lumières alors que je n'étais âgé que de 13 ou 14 ans, je me sens encore plus nul. La vérité c'est que si je me suis mis sur la touche tout seul, on m'y a laissé sans aucun scrupule. Et quand j'essaie d'expliquer ce que je fait, comment je le fais et pourquoi, c'est toujours le même regard d'incrédulité et d'incompréhension de la part de personnes qui sont indéniablement fortes dans leur travail, mais qui n'ont pas la moindre idée de ce dont je parle.

ATTENTION VOUS ENTREZ DANS UNE ZONE DE GRAVE DEPRESSION

Je me sens seul et délaissé, mais j'ai l'habitude depuis le temps. Alors je ne sais pas ce qu'ils vont me dire à la fin du mois, si je vais pouvoir continuer ou pas, et qui s'en soucie ? Je suis seul, je dois prendre mes décisions seul, sans aucun conseil ni support parce que je ne veux plus d'aide. Je vais continuer à faire la seule chose qui vaille la peine dans ce monde de fous, sans le moindre espoir de m'y intégrer et d'y vivre à côté des autres gens qui de toute façon ne m'accepteront jamais. Et lorsqu'ils me couperont les vivres, je laisserais tomber, parce que je n'ai pas le droit d'exister, je n'ai fait que vivre à crédit toute ma vie, mais ça ne profite à aucune banque, alors ils ne me laisseront pas vivre comme ça. La seule consolation, c'est que ça fait 20 ans que je vis sans le moindre espoir et sans le moindre plan pour le lendemain, alors finalement, quand l'heure viendra de mettre un terme à cette existence pitoyable, ça ne changera pas grand chose pour moi.

ATTENTION VOUS SORTEZ D'UNE ZONE DE GRAVE DEPRESSION

Sinon après cette merveilleuse semaine, j'ai réussi à pondre la première illustration pour le fanzine Éclats-de-Rêves.

J'avais déjà séparé les personnages du second plan, j'ai dû détourer le personnage du premier plan pour refaire l'encrage et j'ai redessiné et réencré le décor, avec ce travail en dégradés de gris qui je l'espère, donnent la touche finale à l'illustration. Entre deux bouffées d'angoisse, j'ai beaucoup réfléchi à l'encrage et à la distanciation du crayonné, ce sont des détails techniques mais excessivement important pour moi en ce moment.

A la prochaine, on ne sait jamais.