Depuis quelques temps, Anaïs se sentait patraque. Naze. Zarbi. A côté de ses tatanes. La tête dans le c… hum, bon, bref, ça n’allait pas fort. Regardez, là, ce matin par exemple. Il lui était poussé durant la nuit un énorme pois chiche à l’arrête du nez ; agrémenté d’un poil démesuré en son juste milieu par-dessus le marché. C’était des plus gracieux, vraiment ! Avant-hier par contre, la nuit l’avait agrémentée d’une poitrine des plus avantageuse ; provoquant l’intérêt de ses collègues dans les yeux desquels, elle avait pu lire soit de la concupiscence soit la jalousie la plus verte - si tant est que celle-ci eut pu revêtir la moindre couleur - selon le sexe de ceux-ci. Et comme Anaïs portait un petit 85 à tout casser, le 105 qu’elle arborait sinon fièrement du moins avec opulence débordait de toutes parts de son petit décolleté et elle avait eu toutes les peines du monde à ce que ces maudits mamelons ne se fassent la malle hors de son corsage sans autre forme de procès. Bref, la journée allait encore être épuisante à force de voir les gens se retourner à son passage.
Mais,… quand cela avait-il commencé ? Finit-elle à nouveau par se poser la question ? Oui, parce que pour tout vous dire, Anaïs avait fini par se poser des questions, tout de même. Et c’était sans parler de son entourage, comme vous pouvez vous l’imaginer. Car entre une dégaine de mémère asthmatique, de pin-up déjantée limite gothique, de grosse dondon à boutons et aux cheveux gras avec de préférence des poils aux pattes ou de nympho sautant sur tout ce qui bouge, cela avait fini par éveiller une certaine perplexité tant dans ledit entourage que dans la petite tête même de notre Anaïs. Heureusement qu’elle ne changeait pas de personnalité tous les jours. Oui, parce que c’était cela qui était étrange, cela avait une régularité dirons-nous… aléatoire.
Donc quand cela avait-il commencé ? Elle tournait et retournait depuis un quart d’heure - à défaut de sa langue dans sa bouche - la question dans sa tête quand la réponse lui sauta au visage comme un diable hors de sa boîte ou … comme une salticidaé sur sa proie en pleine forêt amazonienne, brrrr… vous voyez un peu l’image. Bref, elle fit un bond sur sa chaise, faisant lui-même sursauter son voisin de bureau qui en était arrivé à la conclusion que la petite filait vraiment un mauvais coton.
- Ça va ? dit-il un rien interloqué.
- Oui, oui, t’inquiète, je crois seulement que j’ai oublié quelque chose sur le feu.
Ce qui ne rassura qu’à moitié le coco, tandis qu’Anaïs repartait déjà dans ses pensées. Bon sang mais c’est bien sûr, raisonnait-elle, cela a commencé avec les premiers posts de mon blog. Cette constatation était interpellante certes, mais que pouvait-elle y faire ? Elle se résolut donc à attendre et observer.
C’est au hasard d’un commentaire reçu sur son blog quelques jours plus tard, laissé par l’un des internautes qui venaient la voir au gré de leur surf quotidien, qu’elle finit par comprendre. C’est chouette quand Anaïs pète des câbles, y déclarait un certain Kiwee. Et cela n’avait pas tardé. Cela avait été plus fort qu’elle. Elle s’était précipitée comme une furie une paire de ciseaux à la main et poussant des hurlements d’hystérique, sous les yeux de ses collègues de plus en plus affolés, sur les câbles des ordinateurs de la rédaction les lacérant avec frénésie. Cela avait provoqué une panne généralisée de tout le réseau informatique de la boîte et son transport d’urgence au centre hospitalier le plus proche.
Sanglée dans sa camisole de force et encadrée des deux armoires à glace faisant office d’infirmiers, leur visage strié de longues éraflures sanguinolentes, Anaïs attendait le médecin de garde à présent avec calme. Cela lui avait laissé le temps de réfléchir. Non d’un petit bonhomme, si elle se mettait à vivre les fantasmes de ses lecteurs, où allait-on ? Imaginons qu’une personne mal intentionnée vienne à passer par là… C’est donc avec crainte à présent qu’elle se mettrait à lire les commentaires qu’on allait laisser sur son blog dans les prochains jours.
Fin de l’épisode 1Le site de Dominique