Igor avait pris sa décision depuis hier : ce matin, c'était dimanche, c'était grasse matinée.
Or (je viens de l'avoir au téléphone), son projet a été contrarié.
Igor était (au téléphone) dans un de ces états.
Mais alors un de ces états.
Non, le soleil ne l'a pas taquiné (il avait oublié de fermer ses volets).
S'il a entendu les oiseaux, ce ne sont pas eux qui ont piétiné son projet.
Igor était déjà réveillé.
Hélas.
Et on l'avait réveillé.
Grrr.
"Médor, Médor, Mé-dor, Médooor".
S'époumonait une nana qui faisait pisser son chien.
A pas d'heure.
Igor a d'abord cru qu'il s'était réveillé tout seul, il a d'abord accusé les oiseaux.
"Mé-dooor", continuait de crier la pétasse, dehors.
Igor a pensé ensuite qu'il luttait avec lui-même.
"Mééé-dooor", entendait-il toujours.
Igor s'en voulait.
Qu'est-ce qu'il s'en voulait d'être deux tout d'un coup : un Igor pour dormir, un Igor pour se réveiller.
Il souffrit quelques minutes avant de faire le point.
Et après s'être collé quelques gifles.
S'imaginant qu'il ne claquait que le vilain Igor qui s'était pointé ce matin, non, mais quelle idée.
Ses joues cuites l'obligèrent à ouvrir les yeux.
"Mééé-dooor", faisait l'autre derrière sa porte.
Enfin, pas loin.
Igor se leva (écarlate).
Fila devant un miroir.
C'est très exactement là qu'il fit le
point.
"Mééé-dooor" : la nénette ne se fatiguait pas.
Igor, dont la bouche ne bougeait pas, put vérifier que le deuxième Igor était toujours là.