Résumé: Lau, après avoir retrouvé Jade et lui avoir proposé de la cacher quelques temps de la Chouette, sa vraie-fausse grand-mère, décide d'aller au rendez-vous fixé par Bocho au Délice d'Edo.
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CHAPITRE IX
Au Délice d’Edo
Confortablement assis sur un sofa du Délice d’Edo, Bocho attendait. Certes, il avait eu une petite friction avec la fille de l’accueil lorsque celle-ci avait regardé d’un sale œil son jean bon marché et sa casquette qui cachait difficilement les hématomes de la veille. Mais il lui avait vite fait comprendre à qui elle avait affaire, et plutôt que de risquer un esclandre elle lui avait benoîtement indiqué une table où s’asseoir.
Enfin, il vit arriver Lau. Il était bien mieux vêtu que la veille, ce qui confirma les soupçons de Bocho : si cet homme était un simple retoucheur de photos mariage, alors lui n’était pas docker mais trader dans un sérail de Wanchai. Il lui fit signe de la main. Lau regarda attentivement autour de lui, parut rassuré et vint à lui.
« Salut. Bel endroit pour un rendez-vous. Qu’est-ce que tu fais par ici ?
-Il y a des tas de choses intéressantes dans ce resto, mec. La bouffe n’est pas très copieuse, mais elle est sensas’. Tiens, regarde le menu…
-Okay. Tu commandes ce que tu veux, c’est moi qui régale. Pourquoi veux-tu me voir ?
-J’ai des nouvelles de vos amis. Vous savez, Juan et Shun machinchose. Tu les as ratés de peu hier soir… Ou bien ce sont eux qui t’ont raté. Moi je juge pas, hein.
-Ce sont d’anciens patrons. Je bossais dans leur agence, puis je suis parti au plus offrant d’une manière un peu brutale. Ils n’ont jamais pu le digérer. Depuis, je les évite comme la peste. Voilà.
-Oui, bien sûr, d’anciens patrons… Et bien ces deux-là m’ont posé des questions à ton sujet… Je peux même dire qu’ils ont été généreux avec moi… »
Lau qui pressentait un coup fourré regardait de nouveau nerveusement autour de lui.
« Pas de panique, je ne me suis pas accoquiné avec eux. Je sais pas pourquoi, je les aime pas trop… Et puis je sens que j’ai plus à gagner avec toi.
-Allons donc.
-Question d’allure, mec ! Bref, j’ai pas cherché à m’engager plus que ça avec eux… Ce qui n’a pas été le cas du Prof et de la Chouette.
-Qu’est-ce qui viennent faire dans l’histoire ces deux-là ? »
Bocho expliqua comment il avait espionné la conversation téléphonique et comment il avait appris que la Chouette allait rencontrer Shun pour lui remettre son portefeuille dérobé par le Prof. Dire que Lau était intéressé par cette histoire eut été un doux euphémisme.
« Ca sent l’alliance pas claire, se contenta de dire Bocho.
-Où et quand aura lieu le rendez-vous ?
-Ici, dans une trentaine de minutes.
-Parfait. Tu peux me rendre un service ? Tiens, voici 200 dollars. Tout ce que tu as à faire et de rester ici et de coller aux basques de la Chouette. Dès que Shun arrivera et te verra, il fera marche arrière. Je connais le bonhomme, il craindra un coup tordu et sera refroidi de te voir si proche de la Chouette.
-Très bien. Et après, j’alpague la vieille à l’extérieur et je lui fais cracher les dents, c’est ça ?
-Non. Après, tu lui parles gentiment et tu lui dis que je souhaite rencontrer le Prof et que je peux l’aider dans sa combine.
-Quelle combine ?
-Tu diras juste « sa combine ». Qu’il comprenne ou pas, il voudra en savoir plus. Mais je te parie qu’il trépignera d’impatience, monsieur puzzle. Tu n’en dis pas plus et tu lui donnes le numéro que j’écris sur cette serviette. C’est clair ?
-Comme les cascades du Sichuan.
-Ce numéro est aussi pour toi. Tu me contacteras après pour me dire comment ça s’est passé. »
Lau se leva.
« J’y vais, je n’ai pas trop envie de les croiser. À bientôt, Bocho.
-À plus… »
Il sortit du restaurant pour rejoindre Jade. Il sourit en pensant au hasard qui lui faisait croiser le chemin d’une ordure de la pire espèce comme le Prof alors qu’un passé proche lui enjoignait de se consacrer à d’autres affaires.
Lorsqu’il eut rejoint l’adolescente, ils prirent un bus pour Tin Shu Wai.