Non, non , non, on ne fait pas un métier fantastique, magnifique ou au combien autosatisfactoire!
Il y a, dans la croyance populaire, une série stupéfiante de clichés liés au métier d' infirmière...
Même si la gente masculine se plait à imaginer une l'infirmière sexy qui propose une piqûre d 'une voix envoûtante et en levant une jambe ho combien fournie en porte jarretelles et compagnie, se retrouve parfois relativement déçue de voir nos tronches somme toute normales et banales, il n'en reste pas moins réel le fait nous sommes des personnes humaines et douées de consciences, d 'émotions, et de jugements.
Certaines personnes pensent que nous sommes mariées avec nos jobs et que nous sommes aussi vouées à notre profession qu'une Religieuse à son Dieu.
Moi je dis STOP!
stop stop stop....
On est des gens normaux, nous avons des familles, nous n'avons pas toujours la forme, nous ne sommes pas des bêtes de travail....Et, surtout, ce n' est pas parce que nous sommes des infirmières que nous avons la "vocation". Ce n’est pas parce que c 'est un métier difficile et que nous sommes là, que nous devons tout subir.
Je déteste tant de choses dans ce boulot que je pourrait vous en citer encore pendant très longtemps, mais d 'un autre coté, je l'adore.Je n'aurai pas pu ne serait ce que tenir les 6 premiers mois en école d’infirmière si je n'avais pas aimé ce job.
J ai travaillé dans plusieurs services. J'en ai aimé certains plus que d'autres.
J'emporterai avec moi dans la tombe le souvenir d' un patient, qui, pendant 2 jours de repos consécutifs, a dégringolé. J'avais avec lui une relation tres speciale car nous ne pouvions pas nous voir les premiers temps de son hospitalisation. Quand je suis revenue de mes jours de repos, je suis tombée sur sa fille dans la chambre, qui m'a dit: "il vous attendait". Il a ouvert un oeil il m'a dit "ah... mon infirmiere préférée". Puis il est reparti... 2 heures après il mourrait dans mes bras. ce patient m'avait attendu moi j'ai pleuré pendant 2 jours.Je me souviendrai toute ma vie du premier bébé que j'ai mis au monde (avec le gynécologue bien sur!!!!).
C 'est pour des souvenirs comme çà que j'ai choisi de faire mon boulot.
Mais à un moment donné le négatif l'emporte sur le positif...
Mais je ne peux plus.C'est trop dur.Je ne peux plus travailler dans un monde ou patientèle devient clientèle.Je ne peux plus travailler dans un monde ou l'administratif et plus important que l'humain.
Alors non.
Tant que le système ne changera pas, tant qu' on ne me laissera pas faire mon boulot correctement, où qu 'on ne m'en donnera pas les moyens, je n'y retournerai pas.Ça me manquera, je le regretterai peut être. Mais je n'ai pas passé mon diplôme pour aller au boulot la boule au ventre.
Alors voilà comment s 'achève pour le moment mon heureuse vie d’infirmière... qui ne l’était pas tant à l’évidence...