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Premières tétées

Publié le 18 mars 2012 par Journalvernois

Comme çà on pourrait croire qu’un veau qui vient de naître se lève dès qu’il le peut et se met à téter. C’est vrai pour certaines races, mais en élevage charolais, et de surcroît en étable où les vaches sont attachées côte à côte, faire téter un veau demande une attention et un savoir faire tout particulier dont vu de l’extérieur on ne se doute même pas.
Il est important que le veau tète le plus rapidement possible le colostrum, un lait très riche qui lui donne rapidement des forces. Dès qu’il est suffisamment valide sur ses pattes et qu’il a repéré le pis il se met à téter et se débrouille tout seul ou presque. Il faut quand même être là pour surveiller, lui faire voir qu’un pis dispose de 4 tétines, intervenir si il va sous une vache voisine,( c’est le problème de la promiscuité) sinon gare au coup de pied; en général, une vache ne supporte que son veau.
Pour des veaux moins dégourdis, c’est parfois plus compliqué. Souvent il titube, tient mal sur ses pattes, il est déjà rebelle, têtu, mais il est robuste et assez fort pour contrecarrer mes intentions. Je l’approche du pis mais il ne pense qu’à reculer. Plus j’essaie de l’empêcher plus il veut reculer, de toutes ses forces, et victime de son équilibre précaire il se retrouve au sol, parfois sous les pattes de la vache d’à côté. Deuxième approche, ce n’est guère mieux. Je l’aide à se relever, il cherche,lève la tête: surtout ne pas essayer de lui faire baisser, sinon c’est la reculade et ….la chute. Il faut pourtant bien lui apprendre la position cou tendu et tête relevée; plus facile à dire qu’à faire. 3ème essai. Comme d’ instinct il sait que les tétines ne sont pas couvertes de poils, je lui présente mes doigts à sucer, l’attire et le guide vers le pis, pour qu’il avance de lui-même. Cela donne de bons résultats. Là il faut être assez rapide pour retirer le doigt et présenter le trayon. Souvent ça marche; s’il avale 2 ou 3 gorgées c’est gagné. Sinon il faut recommencer. Parfois il n’a pas l’instinct de succion; je lui envoie un peu de lait dans la gueule pour éveiller son appétit et là encore le doigt se substitue à la tétine. Quand on tombe sur un veau pas très malin il faut beaucoup de patience, de ruse et dépenser de l’énergie pour arriver à ses fins.
Parfois c’est encore plus compliqué si c’est un veau trop gros et lourd, ou anoxié par un vêlage difficile ou sur lequel on a tiré fort pour l’extraire de la vache ou encore un veau qui présente un langue trop longue ou difforme.
Pour le gros veau qui ne se tient pas seul je l’installe sur un petit ballot de paille. L’approcher de sa mère, soulever ce corps mort, l’installer sur le ballot, lui tenir la tête d’une main, introduire la tétine dans la gueule de l’autre demande beaucoup d’énergie. Et quand on croit avoir gagné c’est la vache qui se déplace de 20 ou 30 cm ou se tourne et il faut recommencer. C’ est très fatiguant et cela peut dure plusieurs tétées. J’ai parfois recours à un pot muni d’une tétine en caoutchouc, mais toute les vaches ne se laissent pas traire ou bien ne donnent pas leur lait si le veau n’est pas auprès d’elle.
Le veau à grande langue, même si il est plein de bonne volonté, n’arrive pas à aspirer assez fort et il a besoin d’aide. Cela peut durer longtemps, 8 jours, 15, parfois plus,jusqu’à ce que la langue se muscle et que le veau soit plus adroit. En attendant, assis sur un tabouret je lui tends le trayon lui tint la langue collée à celui-ci. Le problème, c’est qu’au bout de quelques jours il compte trop sur moi et n’essaie même plus seul. Dès qu’il lâche le trayon, il se tourne vers moi, me regarde,et attend mon aide. Aussi pour qu’il acquière son autonomie, je diminue mon aide, et après plusieurs repas incomplets, la faim le pousse à essayer, réessayer, essayer encore. Il se donne du mal et en général ça marche.
Parfois pour me simplifier la tâche je fais téter le nouveau-né en position couchée.Pour cela il faut une vache docile. En général lorsqu’elle a fini de lécher son veau elle se couche à côté. Avant qu’il n’essaye de se relever je l’approche du pis et lui tend les tétines. Il se gave de lait en toute facilité et ainsi revigoré il aura tout son temps pour se relever et trouver son équilibre.. La tétée suivante ne posera pas de problème.
Je viens de décrire divers problèmes de début de vie des veaux. Heureusement ils ont vite fait de piger et au bout de quelques jours ces difficultés ne sont plus qu’un mauvais souvenir si bien pour eux que pour moi, enfin surtout pour moi.

A bientôt

PS: Désolé, mais un petit problème de connexion m’empêche de mettre une photo d’accueil


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