Ce souar je ne viens pas à la maison, même si y’a le printemps qui chante.
Le téléphone pleure, je ne réponds pas. D’ailleurs, si j’avais un marteau, mon téléphone, je sais ce que j’en ferais… Le téléphone pleure avec mon marteau.
Je viens dîner ce soir, puis j’attendrai l’heure du départ.
Passque ce soir les sirènes du port d’Alexandrie vont me susurrer à l’oreille « écoute, maman est près de toi, il faut lui dire maman, c’est quelqu’un pour toi ». Je répondrai, comme d’habitude, que le lundi au soleil, il fait bon, il fait beau, et que par conséquent, je me ferai belle belle belle, je revêtirai ma robe avec des magnolias for ever dessus, pour me transformer en une fille et des fleurs.
Puis je vais à Rio, dans ma tête. Penser à toi et le soleil.
Je me souviens de cette année-là, j’avais 17 ans.
Quelquefois, j’écoutais cette chanson populaire pendant que toi tu me disais même si tu revenais, je crois bien que rien n’y ferait, notre amour c’est de l’eau c’est du vent. Et moi, je hurlais laisse une chance à notre amour, stop au nom de l’amour, ce sera toi et moi contre le monde entier, et je t’aime tellement. Mais quand le matin survint, j’étais mal aimée, soudain il ne me restait qu’une chanson, c’est la même chanson, une musique américaine, ou bien une chanson française, que je marmonnais, en chanteur malheureux, en me traitant de pauvre petite fille riche.
Pourtant, sale bonhomme, tu ne cessais d’oublier mon prénom, de m’appeler Eloïse, Donna Donna, Belinda. Jamais je ne reviendrai vers toi.
Je suis partie alors, te laissant dans tes rêveries, en t’offrant une dernière fois des bises de moi pour toi. Tu étais celui qui reste, le vagabond.
Depuis lors j’y pense puis j’oublie, je marche tout droit vers la ferme du bonheur.
Et oui, c’est comme ça que l’on s’est aimé. L’amour est parfois un jouet extraordinaire.
Ah, vivement ce souar. Sha la la.