Le Nom de la rose, d'Umberto Eco

Publié le 21 mars 2012 par Aniouchka
 
Alors qu'il traînait dans ma PAL depuis une éternité, j'ai profité d'une lecture commune organisée par Samlor sur Livraddict pour, enfin, lire le chef d'oeuvre d'Umberto Eco, Le Nom de la rose. Restaient dans mon souvenir quelques images du film de Jean-Jacques Annaud, qui m'avait beaucoup plus, mais dont j'avais totalement oublié l'intrigue. J'ai donc découvert le livre avec beaucoup d'enthousiasme, imaginant Sean Connery en robe de moine dans toutes les descriptions !
En 1327, le moine franciscain Guillaume de Baskerville et son novice Adso de Melk se rendent dans une abbaye bénédictine d'Italie, où une rencontre diplomatique est organisée entre partisans de l'empereur et du pape. Ex-inquisiteur, Guillaume se voit prié par l'abbé de lever le mystère qui entoure la mort d'un des moines, survenue quelques jours plus tôt. Au cours de son enquête, Guillaume va découvrir que l'abbaye est le lieu de nombreux secrets, crimes, vice et hérésies.
Umberto Eco présente cet ouvrage comme le livre de l'abbé Vallet, qui s'avère être une traduction du latin vers le français du manuscrit d'Adson de Melk, et qu'il se serait contenté de traduire en italien. Ecrit comme les mémoires d'un vieux moine, qui raconte un évènement marquant de sa jeunesse avant que la mort ne l'emporte, Le Nom de la rose est un formidable exercice de style du début à la fin. 
Il faut admettre que le lecteur doit s'accrocher sur la première centaine de pages, très dense en description extrêmement longues (mais aussi très bien écrites), et en débats autour de concepts religieux que le lecteur non spécialiste aura du mal à comprendre (et je me range bien entendu dans cette catégorie de lecteurs). En revanche, au fur et à mesure qu'avance la lecture, l'action se recentre sur l'intrigue principale, à savoir l'enquête de Guillaume de Baskerville pour retrouver le meurtrier des moines assassinés. 
Adso, novice inexpérimenté, joue un rôle très important, en posant, à la place du lecteur, les questions qui permettent de comprendre les raisonnements et les déductions, certes très logiques, mais pas toujours limpides de Guillaume. Heureusement qu'il est là, sinon Guillaume serait bien difficile à suivre !
Du point de vue de l'intrigue, j'ai été bluffée, car je n'ai réussi à deviner, avant que la solution ne soit donnée par Guillaume, qu'un ou deux éléments, mineurs en plus. J'ai été surprise tout au long de ma lecture, et, une fois l'intrigue mise en place, je n'ai pas pu lâcher le livre. L'enquête est complexe mais terriblement intéressante, le rythme est haletant et c'est un plaisir de suivre Guillaume qui, quoique assez orgueilleux, est un véritable érudit doté d'un sens de la logique extraordinaire. 
Le style d'Umberto Eco est remarquable, le livre est très bien écrit, les descriptions sont très bien maîtrisées et les dialogues sont pertinents. Il s'agit également d'un roman extrêmement bien documenté sur le contexte politique et religieux de l'époque, les différentes formes d'hérésies, les moeurs et principes de l'époque (il y a d'ailleurs un passage épouvantable sur la vision de la femme par l'Eglise)... Il y a tout de même une chose que je regrette : il s'agit des innombrables passages en latin, plus ou moins long et non traduits. Pour quelqu'un comme moi qui a choisi le grec à l'école, c'est un peu frustrant !
D'une manière générale, j'ai trouvé ce livre vraiment très, très agréable à lire. Bien qu'un peu compliquée, surtout au début, il s'agit d'une lecture vraiment prenante, très stimulante sur le plan intellectuel. Je la conseille à tous les fans de polar et de roman historique ! Et une fois le livre terminé, on peut s'amuser à revoir le film pour voir la façon dont l'intrigue et les différents personnages y sont traités.
Le Nom de la rose, d'Umberto Eco, Le Livre de poche, 2010, 543 pages.
J'ai lu Le Nom de la rose dans le cadre d'une lecture commune organisée par Samlor sur Livraddict.Voir les avis de :  Samlor, Alison Mossharty