Matignon veut aider le livre numérique

Publié le 21 mars 2012 par Lauravanelcoytte
Par Philippe Larroque Mis à jour le 20/03/2012 à 08:00 | publié le 19/03/2012 à 21:56  
Présentation du livre électronique Kindle, au Salon du livre, à Paris. Crédits photo : Denis Allard/REA/Denis Allard/REA
  •   Alors qu'Amazon pousse ses pions, le Centre d'analyse stratégique propose de réunir les acteurs français de l'édition et de la distribution du livre autour d'une plate-forme unique.

Le Centre d'analyse stratégique (CAS) poursuit ses investigations sur «l'écrit à l'heure numérique». Après s'être intéressé en novembre dernier à la presse écrite, l'organisme d'aide à la décision rattaché au premier ministre a publié lundi en collaboration avec le Centre national du livre (CNL) ses premières propositions pour aider «les acteurs de la chaîne du livre à prendre le tournant du numérique». Pour Vincent Chriqui, directeur général du CAS, le numérique est «à la fois une promesse de nouveaux développements pour l'édition et une menace, car une part de la valeur pourrait échapper aux libraires et petits éditeurs si l'on ne fixe pas des règles du jeu commerciales claires».

«Une forte ristourne»

De ses trois notes d'analyse consacrées aux auteurs et éditeurs, librairies et bibliothèques publiques, le CAS tire des recommandations prioritaires pour développer le livre numérique en France. Outre des prix attractifs -«Les consommateurs souhaitent évidemment une forte ristourne par rapport au prix papier»-, Vincent Chriqui plaide pour un regroupement de la distribution française du livre numérique autour d'une plateforme unique. «On compte trois plateformes de distribution en France. Les libraires et les lecteurs s'y perdent, et cela ne peut que favoriser Amazon (le créateur de la liseuse Kindle, NDLR) qui dispose de l'offre la plus riche», relève-t-il. Sans compter la plate-forme que Decitre lancera aussi début avril. Pour développer un «véritable marché»- le livre numérique représente à peine 1% des ventes de livres alors qu'il pèse 15% aux États-Unis et 10% en Grande-Bretagne-, le CAS préconise également une meilleure «interopérabilité», autrement dit «la possibilité de télécharger des fichiers de livres numériques sur n'importe quel modèle de liseuse ou de tablette. Or cela n'est pas le cas aujourd'hui: la tablette Kindle ne donne pas accès aux fichiers de format ePub, par exemple», précise-t-il. «Nous pensons que c'est un frein au développement du livre numérique en même temps qu'une forme d'atteinte au principe de libre concurrence», souligne Vincent Chriqui.

L'institution n'en oublie pas pour autant les libraires, fragilisés. L'un des objectifs du CAS est de soutenir la «politique de stratégie multicanal -vente en magasin et sur le Web- auprès des librairies traditionnelles, pour éviter une fuite de la clientèle vers les géants de l'Internet». La faible rentabilité (entre 0,6 et 2%) des libraires ne leur donne pas en effet les moyens d'investir. L'ensemble de ces propositions, qui doivent aussi préserver «la diversité éditoriale de l'édition française», sera adressé au gouvernement.

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Par Philippe Larroque http://www.lefigaro.fr/medias/2012/03/19/20004-20120319AR...