Loop et France Do
J’ai glissé !
j’ai glissé
sur
un accordéon
de papier.
Vertige !
et je riais
mon rire tintait
comme celui d’un enfant
clair
cloche
de
joie
cristal
teinté d’azur.
Le papier
épais
ralentissait ma chute
il m’accrochait
me retenait
comme s’il voulait
m’inscrire
là
avec ces mots
écrits
dans sa chair
rêche
mots captifs
consentants
offerts.
Il révélait des plages
de terre
ocre
en jaune et rouge
par endroit
elles s’estompaient
se froissaient
s’enfonçaient
dans la profondeur
des fibres
parfois
elles voilaient
masquaient
un mot
deux
« (…) heure auparavant (…) »
« (…) juste dit (…) »
« (…) cloche a résonné longt… (…) »
quelle merveille
d’imaginer la suite.
J’ai aimé me perdre
dans les profondeurs
de ces ocres
j’y trouvais
un secret
de Terre
une racine
l’envie de creuser
de capter
par les mains
dans l’humidité
fertile
un battement
une vibration
essentielle
un souffle
la vie.
Un fleuve
blanc
capricieux
traçait des idéogrammes
en traversant
cette carte au trésor
pliée et repliée
tant de fois…
Je pensais
à l’école
à la géographie
à la Loire
magique
et c’était Elle
là
qui jouait
dévergondée de méandres
pour provoquer
le fleuve
Jaune
en filigrane
Elle lui disait :
« who she »
« je suis »
et elle était.
Dans son reflet
« (…) le soleil cognait sur le parvis (…) »
« (…) lui et moi (…) »
« (…) le livre (…) »
Des images
surgissaient des flots
m’emportaient
j’attrapais le vertige
et je glissais
glissais
oublieuse de tout
vers une autre rive
une Orée
peut-être
où
libérée de la rivière
je me mettrai
debout
et avancerai
lavée
de tout passé
comme à mon premier jour.
©Adamante