Béatrice De Rochebouet
Mis à jourle 22/03/2012 à 15:24| publiéle 21/03/2012 à 19:34
Portrait de l'empereur Napoléon III. Crédits photo : Osénat
Avec la vente d'un ensemble historique provenant de la famille Pietri, Napoléon III aura lui aussi sa cote.
La collection Franceschini Pietri réussira-t-elle à dissiper la «légende noire» de Napoléon III? Les souvenirs de «Napoléon le petit» sont mis en vente par la famille de celui qui fut son «secrétaire particulier» avec un dévouement sans faille jusqu'à sa mort, en 1915. Arlette de Baciocchi Adorno les tient de son grand-oncle Pietri. Il n'y avait encore jamais eu sur le marché un ensemble aussi important pour alimenter la mémoire de ce neveu de Napoléon Ier, troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense de Beauharnais, fille de l'impératrice Joséphine. Il devint l'héritier présomptif du trône impérial après la mort de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, puis de Napoléon II, roi de Rome, en 1832. «Napoléon III n'a pas eu la chance de son prédécesseur Napoléon Ier d'avoir de grands mémorialistes comme Las Cases, Montholon ou Gourgaud, observe Pierre Jean Chalenon, spécialiste et collectionneur de l'Empire. Si le second Empire a eu si longtemps mauvaise presse, il le doit au caractère autoritaire et répressif de son souverain, à sa fin sans gloire dans la désastreuse guerre franco-prussienne et à sa déchéance physique qui l'a plombé de 1865 jusqu'à son exil à Camden Place.»
À travers plus de 200 lettres, objets, peintures, photographies et reliques (de 3000 à 5000 € son masque mortuaire en plâtre), cette vente devrait permetttre de réhabiliter quelque peu ce second Empire toutefois plus fécond dans le domaine des sciences, de l'industrie et de l'architecture que des arts.
Une pièce émouvante
Les prix ne devraient pas atteindre ceux de l'Empire, mais ils devraient amorcer la cote. Après les chemises de Napoléon Ier qui ont atteint des records à Fontainebleau, voici celles de Napoléon III, elles aussi en batiste et brodées au «N», à une estimation très raisonnable comprise entre 1000 à 1500 €. Et aussi celles de son fils, le jeune prince impérial sur lequel veilla l'impératrice Eugénie: de 500 à 600 € son ombrelle en satin noir à volants ivoire. Dans leur sillage, on trouve des épaulettes brodées d'or et doublées de velours bleu (de 2000 à 3000 €), des chaussettes en fil de soie ivoire (de 400 à 500 € la paire), des gants en peau blanche (de 1500 à 2500 €) et, bien sûr, de traditionnelles mèches de cheveux de Napoléon III.
Pour les dents, à chacun de juger. «L'incisive centrale définitive supérieure droite» a été retrouvée dans la même boîte en carton que celle de Napoléon Ier, enveloppée dans un petit papier bistre avec une inscription datée à l'encre « Chislehurst 1872». Celle de Napoléon III affiche un prix de quatre fois inférieur au catalogue: entre 2000 et 3000 €. Une certaine nostalgie émane de cet ensemble conservé par Pietri - on peut s'offrir l'uniforme de secrétaire de ce dernier, en parfait état, avec pantalon blanc brodé d'or et képi en drap noir à trois galons (de 2000 à 3000 €). Il est truffé de peintures, telle la paire de copies de l'Empereur et sa femme d'après Winterhalter (de 60.000 à 80.000 €), ou de meubles, tel ce siège de souffrance en acajou à roulettes dans lequel Napoléon III passa ses derniers jours (de 15.000 à 20.000 €). Une pièce émouvante qui pourrait inciter à l'infidélité les inconditionnels de l'autre empereur…
• Osenat, 5, rue Royale, Fontainebleau (77), exposition les 30 et 31 mars ; vente le 1er avril, 14 h 30. www.osenat.com
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Par Béatrice De Rochebouet http://www.lefigaro.fr/culture/encheres/2012/03/21/03016-...