La manufacture corézienne fabrique 600 accordéons par an. Crédits photo : DERRICK CEYRAC/AFP
Créée en 1919, la manufacture d'accordéons Maugein, en Corrèze, va être reprise par ses salariés.
Indochine, Blankass, Primitifs du futur… Ces groupes de variété plutôt branchés ont un point commun: leurs Maugein. Maugein? C'est le Steinway du piano à bretelles. Cette maison quasi centenaire de Tulle (Corrèze) est la dernière usine d'accordéons en France. Hélas, même dans la patrie d'André Verchuren et d'Yvette Horner, le «made in France» n'est pas une garantie de survie.
À l'heure de passer la main, René Lachèze, 71 ans, a remué ciel et terre pour assurer la pérennité des vingt emplois nécessaires à la fabrication de 600 accordéons par an. «L'affaire réalise 1,2 million d'euros de ventes, explique ce patron. Elle est à l'équilibre. Deux repreneurs se sont manifestés, mais je ne voulais pas de délocalisation.» Arrière-petit-neveu de l'un des fondateurs, il a préféré une reprise par les salariés. Ils contrôleront 40% d'une société coopérative d'intérêt collectif dont le montage financier a reçu un coup de pouce du président de région, Jean-Paul Denanot, qui coordonne différentes aides.
Encore faudrait-il que le marché français, qui ne dépasse pas 4500 instruments par an, trouve un nouveau souffle. «C'est hélas ma génération, celle des yé-yé, avec Johnny et Eddie, qui a démodé l'instrument», admet René Lachèze, qui se souvient des 200 employés de Maugein autrefois. Et si l'accordéon revenait sur le devant de la scène?