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Le secret des mots

Publié le 27 mars 2012 par Pommeliane

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Voulez-vous connaître le secret des mots. Ecoutez bien, je vais vous la raconter :

Un jour, le monde des mots a perdu ses voyelles.

Les consonnes, affolées se mirent à les chercher partout, mais mystérieusement elles s’étaient volatilisées.

Plus de A, plus de E, plus de I, plus de O, plus de U et même… même… plus de Y.

Les consonnes étaient perplexes : leurs meilleures amies avaient disparu dans la nature. Comment feraient-elles pour communiquer maintenant ?

Parler sans voyelle, c’est difficile. Cela donne des brr… des trr… et aussi des vrr…

Une vraie cacophonie que personne ne comprend.

Même les insectes, pourtant peu sensibles aux plus gros des mots, déguerpirent sans demander leur reste.

Et dans la vallée ne retentit plus de ah, plus de euh, plus de iiiiiiiih, plus de oh, plus de hue, et même, même, plus de yahou !

Les consonnes étaient tristes car chaque soir toutes les lettres avaient l’habitude de se prendre par la main pour tourner autour d’un grand feu en chantant. Comment allaient-elles faire pour danser la ronde des mots à présent ?

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Quelques jours plus tard, un P trop gourmand qui s’était aventuré dans un champ, avala gloutonnement des choux. Repu, il décida de faire une petite promenade digestive dans le parc. C’est alors qu’il lâcha un petit « prout ». Rouge de honte, il regarda autour de lui et mit vite une main devant sa bouche en faisant :

- Ooooh !

Alors, une chose incroyable se passa. Un O tomba et roula à ses pieds.

Il sursauta comme s’il avait vu une souris et se mit à hurler :

- Iiiiiiii !

Un I chuta et s’installa tranquillement à côté du O.

Le P s’éventa mais ne sachant plus quoi faire, jeta :

- Euh !

Alors un E s’écroula auprès du O et du I.

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Heureux de retrouver ses meilleures amies car il avait une préférence pour le O et le I, le P lança :

- Ah !

Evidemment, un A se posa près du O, du I et du E.

Le P, content de lui, décida d’annoncer la bonne nouvelle à ses compagnes, les consonnes. Il interpella un V qui passait par là, l’enfourcha en criant :

- Huh !

C’est alors qu’un U, sorti on ne sait d’où, se plaça près du O, du I, du E et du A en tenant par la main un tout petit y qui sanglotait :

- y, y, y, y, y !

Les voyelles décidèrent de s’aligner en grand ordre comme elles en avaient l’habitude : A, E, I, O, U sans oublier le petit y.

P se mit ensuite en tête de la parade et ils partirent à la recherche des consonnes.

Qu’ils avaient fière allure, caracolant sur des chars de carnaval de toutes les couleurs !

Quand ils arrivèrent dans la vallée des mots, ils furent effrayés par le grand silence qui y régnait. Pas un son ne leur parvenait, sauf peut-être le murmure du vent.

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A, E, I, O, U, sans oublier le petit y, restèrent coi. P, dressé sur son V, s’étonna :

- Nous ne sommes tout de même pas les seules consonnes dans cette vallée. Où sont donc passés les autres ?

- Pavé, pavé, pavé, répondit V en écho.

- Qu’est-ce qu’il dit ? demanda O à U car il était un peu dur d’oreille.

- Ce n’est rien, il vient seulement de s’apercevoir qu’il pouvait faire un mot, répliqua U à O.

Brusquement, un grand bruit, celui d’une cascade qui descend les montagnes, résonna.

A, E, I, O, U, sans oublier le petit y, ainsi que P et V se retournèrent d’un coup et n’en crurent pas leurs yeux. Toutes les consonnes dévalaient la cascade, juchées sur une longue planche de surf, en criant :

- vrr…

- brr…

- trr…

Ainsi, les consonnes étaient cachées en haut de la cascade. P et V se congratulèrent, enchantés de retrouver leurs consoeurs. Les voyelles se pressèrent pour les rejoindre en poussant des hurlements :

- Aaaaaah…

- Eeeeeeh…

- Iiiiiiiiih…

- Oooooh…

- Uuuuuh…

- Yyyyyy, pleurait le petit y, effrayé par tant de bruit.

Le soir même, les insectes reprirent le chemin de la vallée. Tout rentrait dans l’ordre. Heureux de se retrouver autour d’un grand feu, les consonnes et les voyelles exécutèrent enfin la ronde des mots. Elle leur avait tant manquée qu’ils y passèrent toute la nuit. Et longtemps, longtemps, on entendit sous le ciel rempli d’étoiles des murmures étouffés. C’était les consonnes qui rattrapaient le temps perdu avec les voyelles.

C’est ainsi que, à présent, vous connaissez le secret des mots : consonnes et voyelles ne peuvent jamais se séparer sinon vous ne pourriez plus vous comprendre !

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