Les vieux ils sont partout, c’est l’avenir de demain. Dans le bus ils prennent les places et contrôlent tout, au marché ou dans les magasins ils sont toujours trop lents.
Des plans Alzheimer, des opticiens à gogo…
La ville est remplie de vieux.
Et puis.
Il y a cette femme.
Ma voisine.
Je la voyais bien de temps en temps aller chercher sa baguette, à petits pas, doucement et plus lentement.
Mardi soir les pompiers ont frappé chez nous. Ils voulaient accéder à son appartement par une fenêtre, elle était tombée la porte fermée.
Hier en rentrant du travail je suis passée la voir, la porte était ouverte.
J’ai vu cette femme en chemise de nuit assise sur son lit, devant la télé.
Je lui ai demandé de ses nouvelles.
Elle tombe beaucoup en ce moment et ne peut se relever seule. Elle ne voulait pas retourner à l’hopital et a dit aux pompiers qu’elle allait bien qu’ils pouvaient partir sans crainte.
Mais ce qu’elle ne leur a pas dit c’est qu’elle n’avait pas mangé depuis 2 jours, ni bu, la bouteille étant trop loin… Elle n’a pu se rendre aux toilettes non plus, ni prendre ses médicaments… Elle a à peine fermé l’oeil de la nuit puisqu’elle a préféré laissé sa porte ouverte, au cas ou… Sa fenêtre est cassée, les volets fermés, la lumière allumée… tout la journée…
A proximité, le téléphone et la télécommande de la télé…
Je suis allée lui chercher son courrier, un colis était arrivé: une attrape couillon, si tu ne le renvoie pas tu payes l’abonnement forcé. Allez à la poste comment le pourrait-elle? Sur la table du salon, le poireau demandé le matin même à sa voisine, un peu plus valide.
J’ai regardé autour de moi et j’ai vu ce studio rempli de toute une vie, des souvenirs, des bibelots en porcelaine et puis ce lit, central qui emplissait tout l’espace.
Je suis restée avec elle, lui ai préparé à manger, donné ses médicaments et je l’ai allongé du mieux que j’ai pu.
Mais je suis partie…
Et demain, et les jours à venir?
Une maison de retraite? Trop cher. La famille? Trop compliqué?
Que reste-il?