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Races de la guerre

Publié le 30 mars 2012 par Jlk

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Lecture d'Achever Clausewitz, de René Girard. Notes (3) 

- Le problème est de passer d’une mimesis violente à une mimesis paisible.
- Hegel fait du Dieu de la Loi celui qui écrase et domine.
- Sa lecture de a Bible est statique et « morte ».
- De même le rationalisme re-mythifie-t-il ce qu’il croit démystifier.
- Avec le Christ, Dieu est désormais aux côtés de la victime émissaire.
- Ce qu’il faut imiter dans le Christ, c’est son retrait.
  III. Le Duel et la réciprocité
- L’enjeu de la discussion est d’envisager la possibilité d’empêcher la catastrophe.
- Clausewitz définit la guerre comme « étonnante trinité ».
- Mais il a du mal à convaincre qu’un frein politique peut encore contenir les guerres.
- L’« étonnante trinité », avec la Formule bien connue (« La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens »), est la clef de sa pensée.
- En fait « l’action réciproque » est le moment crucial, soit provoquant soit différant la guerre.
- La montée aux extrêmes est devenue la règle dans la logique de la réciprocité.
- Ce que Clausewitz appelle l’action réciproque correspond à « la capacité des hommes de s’imiter de lus en plus en le méconnaissant absolument. »
- « Duel, action réciproque et montée aux extrêmes finissent ainsi par s’équivaloir. Ils correspondent précisément à ce que j’appelle indifférenciation. »
  La guerre et l’échange
- Reviennent au duel comme structure cachée de tous les phénomènes sociaux, dot le commerce.
- Avant Marx, Clausewitz voit que le commerce concerne la même réalité que la guerre.
- Aux antipodes de Montesquieu, qui pensait que le commerce permettait d’éviter les conflits armés.
- « Louis XIX avait encore des visées impériales sur l’Europe, quand l’Angleterre, elle conquérait le monde de façon beaucoup plus efficace. Le commerce est une guerre redoutable, d’autant qu’elle fait moins de morts ».
- C’est par ailleurs une guerre continue, de faible intensité.
- La haine croissante vouée par Napoléon à l’Angleterre vient de là.
- Pense cependant que le commerce peut contenir la guerre « tant que nous restons dans un capitalisme raisonnable ».
- Le fétichisme de l’argent est un des grippages du mécanisme
- Lucien Goldmann l’a sensibilisé à la dégradation de l’échange, qui de qualitatif est devenu quantitatif.
- Aujourd’hui, le commerce peut conduite vite à la « montée aux extrêmes ».
- La confrontation Chine-States.
- Le commerce peut retenir la violence, mais la relation morale est d’un autre ordre.
- Eclairage sur la nature ambigüe et cachée de la réciprocité, et le risque de la découvrir (p.120) 
  La logique des prohibitions
- Stigmatise le rationalisme de Raymond Aron, qui l’empêche de voir la réalité réelle de la guerre.
- Revient à son ouvrage-clef : La violence et le sacré.
- Rappelle que les prohibitions archaïques étaient dirigées contre la violence.
- Non pas contre le sexe coupable mais contre «les rivalités mimétiques dont la sexualité n’est que l’objet ou l’occasion ».
- Œdipe est l’épidémie de peste.
- La « guerre de tous contre tous » et la façon de revenir à la paix par le sacrifice du bouc émissaire.
- « Chaque lynchage issu d’une crise mimétique accouche ainsi d’une nouvelle divinité ».
- Comment les prohibitions et le sacrifice ont permis aux sociétés pré-humaines de passer aux sociétés humaines.
- Le judéo-christianisme seul place l’humanité devant l’alternative : « ou continuer à ne pas vouloir voir que le duel régente souterrainement l’ensemble des activités humaines, ou échapper à cette logique cachée au profit d’une autre, celle de l’amour, de la réciprocité positive. »
- « Nous entrons donc dans une perspective eschatologique ».
- Nous ne croyons plus aujourd’hui à la catastrophe, alors même qu’elle est plus prévisible que jamais, remarque BC.
- RG : « C’est très juste. D’une certaine manière, le progressisme est issu du christianisme et le trahit ».
- Ce qui manque à Hegel autant qu’à Raymond Aron, c’est la dimension tragique.
 
  La fin du droit
- La montée aux extrêmes va de pair avec les manquements croissants aux règles de l’honneur.
- Carl Schmitt annonçait la « théologisation » de la guerre, exactement visible dans le conflit entre Bush et Ben Laden.
- L’origine du terrorisme est bien vue par Carl Schmitt.
- Le terrorisme actuel serait l’intensification de la guerre totale au sens de Hitler et de Staline.
- Le modèe du partisan, selon Schmitt, illustre le passage de la guerre au terrorisme.
- Selon RG, Schmitt aurait sous-estimé le rôle de la technologie devenant folle. « Il n’a pas vu que le terrorisme démocratique et suicidaire allait empêcher tout containment de la guerre. Les attentas-suicides sont de ce point de vue une inversion monstrueuse de sacrifices primitifs : au lieu de tuer des victimes pour en sauver d’autres, les terroristes se tuent pour en tuer d0’autres. C’est plus que jamais un monde à l’envers. »
- Evoque Guantanamo qu’il taxe d’ignominie, contre tout contrat.
- « Nous sommes entrés dans un monde de pure réciprocité », dans l’époque du « tout ou rien ».
- « Bush accentue jusqu’à la caricature la violence guerrière dont les Américains sont capables, hors des cadres de toute raison politique – et ben Laden et ses imitateurs lui répondent de façon tout aussi « souveraine ».
- Rappelle l’observation de Heidegger sur « l’arraisonnement du monde à la technique ».
- Rappelle le drame vécu par Kennedy et ses proches lors de l’affaire cubaine.
- Me rappelle le témoignage terrible de Mc Namara dans Fog of War
 Retour à la vie simple ?
- Clausewitz nous apprend que la réconciliation n’est jamais acquise.
- « Il y aura toujours le risque de la montée aux extrêmes ».
- BC cite une lettre de Clausewitz à sa femme (pp.135-136).
- Où l’on voit que Clausewitz, jusque dans la religion, ne parvient pas à changer d’ordre.
- Au lieu de maîtriser le duel, il cherche à le servir « de droit divin »
- Le dieu de Clausewitz reste le dieu de la guerre.
- BC cite alors Totalité et infini de Levinas.
- RG voudrait dépasser l’apologie des différences pour mieux affirmer l’identité.
- « L’humanitarisme, c’est l’humanisme tari ! »
- Que la réconciliation est l’envers de la violence.
- Mais les hommes ne veulent pas l’entendre et serons de plus en plus violents.
- BC cite Bergson à propos de la « loi de dichotomie » et de la « loi de double frénésie ». (p.140)
- RG acquiesce mais va plus loin en revenant à Pascal qui pense que « la vérité livre une guerre essentielle à la violence ».
- Accentue encore sa perception réaliste et tragique de la violence humaine.
- Contre la sérénité bergsonienne, pense que « le pire a commencé de se produire ».
  IV. Le duel et le sacré

  Les deux âges de la guerre
- BC rappelle l’enjeu de la discussion : penser la réconciliation en considérant toutes les données de l’action réciproque.
- Rappelle les distinctions de Péguy sur les deux « races de la guerre », lutte pour l’honneur ou lutte pour le pouvoir.
- Peut-on se battre sans haine dans la situation faite à la guerre moderne ?
- RG rappelle que les génocides du XXe siècle ont été planifiée calmement et froidement.
- RG, évoquant le ratage du christianisme historique, revient sa vision apocalyptique : « Le Christ impose donc une alternative terrible : ou le suivre en renonçant à la violence, ou accélérer la fin des temps ».
- Cite Pascal à la fin de la XIIe Provincale : « C’est une étrange et longue guerre que celle ou la violence essaie d’opprimer la vérité ; tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité et ne peuvent que la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence et ne font que l’irriter encore plus ».
- Note que Pascal dit « la violence » et non pas « la guerre », relevant déjà d’une pensée apocalyptique . (p.150)
René Girard, Achever Clausewitz. CarnetsNord, 363p.


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