Mali – L’étau se resserre autour des putschistes mais, l’urgence est ailleurs.

Publié le 31 mars 2012 par Menye Alain

Le capitaine Amadou Sanogo Haya, chef de la junte

Hier, à Abidjan en Côte d’Ivoire, l’étau s’est resserré encore un peu plus autour de la nouvelle junte au pouvoir à Bamako, au Mali. Une délégation de haut niveau, comprenant six (6) Chefs d’Etat est composée comme suit : 

1. Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et président en exercice de la CEDEAO ; 
2. Thomas Boni YAYI, Président de la République du Bénin ;
3.  Blaise COMPAORE, Président du Burkina Faso et médiateur de la CEDEAO pour la crise malienne ;
4. Ellen  JOHNSON-SIRLEAF,  Présidente de la République du Libéria;
5. Issoufou MAHAMADOU,  Président de la République du Niger;
6. Goodluck Ebele JOHNATHAN, Président de la République Fédérale du Nigéria représenté par son Ministre délégué aux Affaires Etrangères, Nurudeen MOUHAMMAD,

A  dénier toute forme de légitimité au Comité National de Redressement pour la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) et exiger le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel au Mali. Pire, des sanctions ont été prises à savoir :

1. Sanctions Politiques et Diplomatiques 
- Suspension du Mali de toutes les instances de la CEDEAO ; 
- Rappel des Ambassadeurs des Etats membres de la CEDEAO accrédités auprès de la République du Mali pour consultation ; 
- Interdiction aux membres du CNRDRE et leurs associés de voyager dans l’espace de la CEDEAO;
- Fermeture des frontières des Etats membres de la CEDEAO sauf pour les cas humanitaires ;

2. Sanctions Economiques 
- Gel des avoirs des différents responsables du CNRDRE et de leurs associés dans les pays membres de la CEDEAO ; 
- Fermeture au Mali de l’accès des ports des pays côtiers de la CEDEAO ;

3. Sanctions financières
- Gel des comptes du Mali à la BCEAO ; 
- Non approvisionnement des comptes de l’Etat malien dans les Banques privées à partir de la BCEAO ;
- Gel des concours financiers à partir de la BOAD et de la BIDC ;
4-Autres sanctions
- Gel de la participation du Mali à toutes manifestations sportives et culturelles au sein de l’espace CEDEAO.

Mais, en réalité, le plus urgent aujourd’hui est l’intégrité territoriale du Mali, avec la percée des Touaregs accompagnés des membres d’Aqmi, qui ont pris la principale ville du nord malien, Kidal. Ce putsch est néanmoins une vraie idiotie. Comment comprendre que des militaires prennent les armes pour renverser un régime au lieu de restaurer un ordre constitutionnel bafoué ? Pire, Amadou Toumani Touré (ATT) n’était même pas candidat à sa propre succession.

Mais, qui peut croire à ces chefs d’Etat ( les six) qui s’engagent à soutenir le Mali pour la défense de son intégrité territoriale dès le retour à l’ordre constitutionnel ? Ils disent vouloir mobiliser tous leurs partenaires à cet effet. Qui peut croire à cette fable d’autant plus que les islamistes d’Aqmi détiennent toujours 6 Français ? On peut donc comprendre que Paris a pesé de tout son poids, pour dissuader d’attaquer les Touaregs et Aqmi. En France, on dit lutter contre les islamistes, au Mali, on leur déroule le tapis rouge.