S'il y a un truc qui casse les pieds chez Igor, c'est bien sa tête de bois.
Mais qu'il est entêté nom d'un chien.
Qu'il est têtu.
Si vous saviez.
Monsieur ne supporte pas les contraintes.
Nous sommes beaucoup dans ce cas.
Mais Igor élargit la notion de contrainte.
Pour lui, par exemple, une porte fermée est une contrainte.
C'est dire si les murs sont de grosses contraintes.
Face à un mur, Igor ne discute pas longtemps.
Il a conscience qu'il n'est pas prêt à négocier.
Qu'il ne lâchera rien.
Il ne tente pas de convaincre le mur plus de dix minutes.
Le mur reste sur sa position : je ne m'effacerai pas.
Dit-il.
Le ton monte.
Igor s'éloigne de quelques mètres.
Et part à l'assaut.
Il transperce le mur.
Non, il ne se fait pas trop mal.
Bien trop motivé.
Pour penser à sa tête cabossée.
A son épaule meurtrie.
A son genou tordu.
Quand la cheville n'a pas vrillé par la même occasion.
Alors, bien entendu, Igor abîme le mur en le pourfendant.
Il laisse un trou derrière lui.
Un vide.
Dans lequel l'air s'engouffre.
Parfois en courant.
Rattrape Igor.
Se glisse dans une de ses oreilles.
Monte.
Monte.
Il arrive un moment où l'air se trouve coincé.
Souvent derrière le front.
Entre parenthèses.
Mais il arrive aussi (beaucoup plus rarement) que l'air ressorte par l'oreille située du coté opposé à celui par lequel il est entré.
Dans un zzzzz.
Igor est donc généralement regonflé.
Ou (beaucoup plus rarement) revivifié.
Donc au minimum encouragé.
La tête encore plus dure.