Magazine Journal intime

Ce parfait ciel bleu - Xavier de Moulins

Publié le 01 avril 2012 par Anaïs Valente

« Le dimanche, on lit au lit ».

J’ignorais tout de Xavier de Moulins jusqu’à recevoir Ce parfait ciel bleu, suite d’Un cœur à prendre.

Je vous avoue que j’étais fortement dubitative, d’une car je déteste lire une suite sans avoir lu la première partie, ce qui est d’une logique implacable, de deux car la quatrième de couverture ne disait pas grand-chose de l’histoire.  Mais le titre me tentait, et ce livre tout bleu, à la couverture étrange, faite de nuages et de rocking chair, m’intriguait.

Et je n’ai pas été déçue, finalement.

Je qualifierais Ce parfait ciel bleu de road movie existentiel.  Un tout petit road movie, pas une traversée de l’Amérique, non, un road movie familial, cosy, cocoon, mais un road movie aux conséquences prépondérantes. 

Antoine est fraîchement divorcé (c’est ce qui lui arrivait dans Un cœur à prendre, apparemment, diable comme je veux lire ce livre, maintenant) et déjà recasé, sauf que son cœur est toujours dans le passé, vers Alice, qu’il semble avoir délaissée jusqu’à lui-même l’être, oh regrets.  Mouna, sa grand-mère, vit en maison de retraite.  Elle a des difficultés à faire face à son grand âge et à sa mort prochaine, inéluctable, et va l’entrainer sur les traces de son passé, afin qu’il n’ait plus peur de l’avenir.  Elle a peur de la mort, il a peur de vivre.  Ensemble, ils vont se retrouver face à la mer, face à face aussi, durant une fugue nostalgique de 48 heures.

Brrrrr, dit comme ça, ça sonne comme un livre chiant au possible, philosophico-prise de tête.  Mais que nenni, c’est un livre à la fois léger et facile à lire, mais plein de messages et de sujets de réflexion, comme ça, ni vu ni connu, au fil de cette lecture parfois drôle et cynique, parfois tristounette et angoissante, toujours touchante.  Ça se lit d’une traite et on se retrouve à la dernière page sans l’avoir réalisé, des images et des idées plein la tête.

Une superbe découverte, qui met en lumière la relation que l’on peut avoir avec ses grands-parents, somme toute parfois tellement superficielle, alors qu’on a tant à apprendre d’eux, qui met en lumière la difficulté d’avancer dans l’existence aussi, et puis la peur de la mort, et la peur de la vie, paradoxales mais tellement réelles au quotidiens. 

Je vous ai extrait quelques petites phrases clé :

« Cette route est riche d’enseignements : je veux arrêter d’avoir mal quand je regarde en arrière, d’avoir peur quand je regarde en avant ».

« (…) il faut que tu arrêtes de marcher en crabe.  En crabe ? Un œil devant, un œil derrière. La meilleure façon de ne pas avancer. (…) Mouna a peur de mourir et moi j’ai peur de vivre. »

« J’ai l’impression d’avoir, peut-être un peu trop tard, trouvé un trésor en poussant la porte de la résidence des Lilas, ouvert l’accès qui me faisait défaut jusqu’ici, celui de l’héritage et de la transmission ».

Rien qu’avec ces trois extraits, y’a de quoi méditer…

PS : comme on me l'a signalé gentiment, j'ai fortement "lapsussé" au sujet du titre du premier ouvrage, qui n'est pas Un coeur à prendre mais Un coup à prendre.  Moi j'aimais bien l'idée d'Un coeur à prendre :)


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