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Une promesse

Publié le 02 avril 2012 par Araucaria
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Une promesse de Sorj Chalandon, un auteur que je ne connaissais pas. Mon regard à été attiré par le titre et par la couverture. Des volets d'un gris très clair, percés d'un coeur, et se fermant sur une fenêtre de façade blanche envahie par du lierre.
C'était au super-marché. J'ai pris le livre en main, ai lu la quatrième de couverture :
"Nous sommes en Mayenne, une maison à l'orée d'un village. tout est silencieux, les volets fermés et la porte close.
Nuit et jour pourtant, sept amis en franchissent le seuil. Les uns après les autres, chacun son tour et chacun sa tâche. S'accomplit ainsi le serment de sept âmes vives à deux âmes sombres : la parole donnée pour retarder le deuil. Voici l'histoire d'un mystère et d'une fraternité."
Une promesse a obtenu le prix Médicis 2006.
"Roman délicat sur la lutte contre l'oubli, le flux et le reflux du temps, Une promesse instille son charme plus qu'il ne l'impose." Emmanuelle Giuliani, La Croix.
J'ai ouvert le livre, et j'ai découvert ces quelques vers :
"Au-delà du cercueil l'âme me restera,
Et pour vous consoler le ciel me donnera
La place de votre bon ange.
Conservez avec soin tout ce que j'ai chéri;
Gardez mes vers, mes fleurs, mon oiseau favori,
Je serai là, que rien ne change!"
Hippolyte Violeau   
J'ai pensé....intéressant, pourquoi pas....? Et le piège s'est refermé, je suis rentrée chez moi avec ce livre.
Je ne suis pas d'accord avec Emmanuelle Giuliani. Ce livre, je ne le vois pas comme un roman, mais comme un conte fantastique pour adultes.
Il s'agit en fait d'une histoire très simple, une histoire dont les héros sont aussi des gens très simples. Un vieux couple, Etienne et Fauvette, qui vivent depuis de très longues années une superbe histoire d'amour....et puis des liens amicaux qui se sont tissés entre-eux et des protagonistes plus jeunes, sept personnes se connaissant et partageant une belle amitié. Une promesse c'est aussi une histoire de fidélité. Etre fidèle, par amitié, pour tenir une promesse, pour ne pas oublier.
J'ai été un peu surprise par le style de l'auteur et par la construction du livre. Où cela allait-il conduire le lecteur? Allant de surprise en surprise, de paragraphe à paragraphe, le charme a opéré. Ce livre surprend par son style et par son histoire, je crois qu'il pourrait ne pas être apprécié par un lecteur ayant des goûts très classiques qui ne fera pas l'effort d'insister, de persévérer dans sa découverte, et qui passera à côté d'un livre plein de charme. Dans ce livre, la poésie s'invite plusieurs fois. On y évoque bibliothèque et littérature, un conte donc pour les adultes qui ont conservé le goût de la lecture.
Un extrait :
"A la mort de sa mère, emportée par une pneumonie, Etienne a quitté le collège. Il est revenu au bourg pour prendre soin de son frère, et aussi du petit Henri, qui poussait avec lui. Il a travaillé à la fromagerie, puis dans les hangars Jounneau, puis dans les fermes alentour. Contre son travail aux champs, oncle Gilbert lui offrait un toit. Il grandissait comme ça en bottes des champs, deux gamins à bout de bras, en regardant les nuages qui s'en venaient de l'ouest. Il grandissait de rien mais marchait tête droite. Il était fier de tout. Fier du petit bosco qui ramenait un bon point de l'école. Fier de petit Henri qui déchiffrait une phrase. Fier d'une poignée de main à la fin du travail. Fier du panier de haricots soyeux qu'il remplissait pour le repas du soir.
Et un jour, un printemps, la bibliothèque fut construite.
Juste un mur à abattre, dans un local désert en face de la mairie. Un mur, deux cloisons fines, une porte à refaire, du plâtre à gâcher, des ardoises à remplacer sur le toit malade, de la peinture à barbouiller, puis quelques rayonnages à faire naître du bois. Etienne avait vingt ans. Oncle Gilbert a parlé de lui à la secrétaire de mairie. Il a parlé de lui en bien, en différent des autres. Il a dit que ses mains n'étaient pas faites que pour la terre. Qu'il avait des mains blanches, un regard d'ailleurs, qu'il cachait des livres dans son panier-repas, qu'il parlait avec des mots tranquilles, qu'il ne jurait pas, qu'il ne buvait pas, qu'il serait certainement utile à la bibliothèque, pour trier, pour conseiller, pour donner envie de lire. La secrétaire n'a pas répondu de suite. Elle a dit peut-être. Elle connaissait bien Etienne. Un garçon qui vous regarde en face. Un garçon qui peut marcher dans la rue avec Fauvette, sa fille, sans que les trottoirs ne cancannent. Elle a dit pourquoi pas? Une bibliothécaire devait venir de Saint-Fraimbault-de-Prières, trois fois par semaine, du midi jusqu'au soir. Mais elle était enceinte.
- Ca te dirait de travailler à la bibliothèque? a demandé Gilbert Berthevin.
Ce soir-là, lorsqu' Etienne a pris son petit bosco sur un genou et le petit Henri sur l'autre, il tremblait de joie...."
Sorj Chalandon - Une promesse - Le Livre de Poche n° 30916 -

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