« L'opinion
publique est devenue consumériste et d'une certaine façon, presse aidant, les
responsables politiques, fussent-ils président ou Premier ministre, peuvent
être insultés à merci. Et cela c'est insupportable pour les proches. Moi-même,
si c'était à refaire, je ne referais pas ce métier. La rapidité des techniques,
la mondialisation financière font que l'espace de responsabilité du
gouvernement de la république française a considérablement diminué, alors même
que les gens vous rendent responsables de tout. La profession politique ne
bénéficie plus du respect qu'on avait pour elle du temps où elle passait pour
efficace c'est-à-dire du temps du plein emploi. Aujourd'hui on nous insulte, on
nous veut pauvres et on nous moque. Nos rois avaient leurs bouffons, mais le
bouffon du roi n'entrait pas dans la cathédrale. Aujourd'hui les bouffons
occupent la cathédrale, et les hommes politiques doivent leur demander pardon.
Ce qui fait que ne viendront plus à la politique que les ratés de la
profession. »
Ce texte si juste est du 11e Premier ministre français — extrait de la
dernière émission «Répliques» d'Alain Finkielkraut sur France Culture
(à la mn 43:15)