Magazine Journal intime
Y revenir le lendemain et les jours suivants
Publié le 03 avril 2012 par Gilles Poirier
Quand on doit se rendre sur le site, il est obligatoire de prendre les bouteilles d'oxygène avec soi et à la moindre alarme, on met le masque sur la tête, on ouvre les bouteilles et on se tire sans chercher à comprendre, le plus rapidement possible vers la sortie. Le gaz extrait de la nappe comporte 48% de H2S soit 480000 ppm. A 10ppm notre détecteur de gaz sonne et on arrête de travailler, à 100 ppm on ne sent plus l'oeuf pourri car le système olfactif est inhibé, entre 500 et 1000 ppm on tombe inanimé et au dela de 1000ppm le gaz est mortel presque instantanément. Autant dire que la moindre fuite de gaz peut avoir des conséquences dramatiques. On parle beaucoup de la plateforme en mer du nord et tout le monde s'est inquiété de savoir si j'étais là bas, mais ce site est bien plus dangereux du fait du gaz traité et justement, les compresseurs que l'on doit démarrer sont ceux qui sont directement concernés par ce type de gaz puisque c'est justement leur fonction, comprimer le gaz acide (compresseurs de gaz acide car le H2S est aussi très corrosif) afin de le traiter et d'en séparer le H2S pour après exporter un gaz propre. Le seul avantage avec ce genre d'installation, c'est que les risques sont connus de tous et que les mesures draconiennes de sécurité sont appliqués faisant que le risque d'accident est très nettement diminué. Certains ne comprendrons pas comment je peux travailler dans ces conditions et ne pas avoir peur, mais moi je ne comprends pas comment on peut travailler toute la journée dans un bureau et y revenir le lendemain et les jours suivants.