En France, le marché de l'immobilier de luxe ne connait pas la crise grâce aux investisseurs étrangers qui, contrairement à 1981, ne craignent pas un changement de majorité politique après l'élection présidentielle.
"Pour l'étranger qui investit, la France représente un îlot de sécurité. Il n'y a plus une grande peur de 'la faucille et du marteau'. Il n'y a pas de grand soir de l'immobilier de luxe", affirme Charles-Marie Jottras, président du groupe spécialisé Daniel Féau.
Même sentiment pour Sylvain Bouchut, directeur commercial France, "la proximité de l'élection présidentielle n'affecte pas le marché. En Europe de l'Est, les riches ont plus peur de la situation politique chez eux que chez nous".
"De plus pour les Européens de l'Est, c'est plus facile de sortir de l'argent de leurs pays pour l'investir dans l'immobilier, grâce aux actes authentiques délivrés par les notaires, que dans d'autres secteurs", ajoute-t-il.
Daniel Féau "connait actuellement un afflux important de clients en provenance de Russie et du Moyen-Orient en raison du contexte géopolitique de ces régions", se félicite M. Jottras qui prévoit toutefois en 2012 une stabilisation des prix, qui ont flambé au cours des deux dernières années.
Marie-Hélène Lundgreen, directrice de Belles Demeures de France, filiale de Daniel Féau, souligne que "même les Américains sont de retour en France".
"La clientèle des super-riches se porte toujours bien", se réjouit Thibault de Saint Vincent, président de l'agence Barnes, qui relève que la moitié de sa clientèle au cours des trois derniers mois provenait d'Amérique du Sud, notamment du Brésil.
Un homme d'affaires indonésien, spécialisé dans le pétrole et l'or, veut investir 30 millions d'euros à Paris, donne comme exemple M. de Saint-Vincent. Ce qui serait plus que les 20 millions récemment déboursés par un milliardaire russe pour un château, cédé par l'intermédiaire de Daniel Féau, où ont été tournées des scènes du film Da Vinci Code.
Convoitises
Cette diversification de la clientèle se retrouve dans les consultations sur le site internet de Daniel Féau où les Chinois et les Indiens viennent de faire leur apparition dans le "Top 2O" des nationalités, selon Nicolas Pettex-Muffat, directeur général, qui souligne ausssi l'intérêt récent des Syriens.
Dopé également par les ventes de Français qui voulaient échapper à l'allongement de la durée de détention des résidences secondaires (de 15 à 30 ans) pour éviter la taxation sur les plus-values, Daniel Féau a pulvérisé en 2011 son volume d'affaires (1,256 milliard d'euros), soit un bond de 23% par rapport à 2010.
Cette bonne santé du secteur attire les convoitises. Après l'arrivée en France de l'Américain Coldwell Banker, c'est John Taylor, crée en 1863 et désormais propriété de la famille monégasque Pastor, qui a décidé de poursuivre son expansion en ouvrant une 10ème agence à Megève avant d'implanter une deuxième agence dans la capitale, sur la rive gauche.
"L'empereur du luxe" Bernard Arnault s'intéresserait même au secteur.
Mais Charles-Marie Jottras, actionnaire majoritaire de Daniel Féau, a démenti les rumeurs de négociations avec le groupe LVMH en affirmant qu'il "n'avait pas l'intention de vendre".
Par Christian CHARCOSSEY