La fédération allemande du BTP a fait part mardi d'un bond de son activité l'an dernier et s'est montrée prudente mais plutôt optimiste pour 2012, disant profiter d'un regain d'enthousiasme des Allemands pour l'immobilier, valeur refuge face à la crise.
La fédération a estimé à 9,5% en valeur nominale et 6,5% en valeur réelle la croissance de son chiffre d'affaires l'an dernier, qui a ainsi retrouvé son niveau d'avant la crise de 2008, selon un communiqué.
Les affaires ont profité en particulier d'un hiver 2011 exceptionnellement doux et d'une "renaissance inattendue de l'immobilier résidentiel".
Forts de la bonne situation économique du pays et désireux d'investir dans la pierre plutôt que dans des marchés financiers en pleine tourmente, les Allemands ont recommencé en masse à acheter des logements, ravivant un marché moribond depuis des années.
"Les gens ont peur de l'inflation, ce qui les pousse vers l'immobilier", a expliqué le président de la fédération Thomas Bauer, lors d'une conférence de presse.
Le nombre de permis de construire dans les grandes villes (Berlin, Hambourg, Francfort, Munich) a par exemple bondi de 40% sur un an sur les dix premiers mois de l'année dernière.
Le phénomène "ne concerne pas que les investisseurs allemands; tout laisse à penser que les investisseurs d'Europe du Sud, qui craignent une implosion de la zone euro, ont redécouvert l'immobilier allemand", se félicite la fédération.
La hausse du chiffre d'affaires 2011 est la plus forte progression depuis 1994, a précisé la fédération, en ajoutant que "malgré ce bilan positif pour 2011, le secteur ne peut ignorer que les risques conjoncturels pour 2012 ont beaucoup augmenté".
"Environ une entreprise sur trois s'attendait en décembre à une dégradation de ses affaires au premier semestre 2012", a indiqué la fédération. Elle précise cependant que le pourcentage de pessimistes n'a cessé de reculer depuis septembre.
Elle n'attend donc pas "d'effondrement dramatique" de l'activité en 2012, et estime que les activités de construction de logements et de construction pour les entreprises vont compenser le déclin attendu des chantiers publics, inévitable en ces temps de rigueur budgétaire.
Pour cette année, le BTP allemand attend une progression de 2,5% en valeur nominale de son chiffre d'affaires, et de 1% en valeur réelle.
Face au déclin attendu des investissements publics dans l'infrastructure, M. Bauer a préconisé de "lier davantage le financement à l'usage", c'est-à-dire de mettre à contribution les usagers, comme par exemple via des péages pour les voitures particulières sur les autoroutes, ce qui reste jusqu'ici tabou en Allemagne.